[TEST] 2Dark : une enquête stressante

Quand Frédérick Reynal annonce le développement d’un nouveau jeu, on regarde d’un oeil attentif ce qu’il en est. Il faut dire que le créateur de Alone in the Dark a marqué toute une génération de joueurs avec ce Survival Horror du début des années 90. Cette fois-ci, le Corrézien revient nous plonger dans l’horreur avec 2Dark, fruit de son association avec Bigben Interactive et Gloomywood.

Un week-end 2Dark

L’histoire de 2Dark nous est racontée par son personnage principal, le détective Smith, qui voit sa vie tourner à l’horreur après la mort de sa femme et le kidnapping de ses enfants le 13 juin 1969. Sept ans après, toujours aucune trace d’eux mais il continue de les chercher corps et âme, entre espoir et dépression. Nous incarnons donc Smith lorsque son enquête va s’accélérer et le mènera vers des lieux tous aussi sordides les uns que les autres. La narration passe par divers canaux et c’est nous qui la déclenchons. Entre chaque voyage, le détective livre ses états d’âme, ses doutes et l’avancée de son enquête, nous servant ainsi de repère pour la compréhension de l’histoire. D’ailleurs, la voix du personnage est la seule à être doublée (et en anglais) mais elle est très réussie car elle nous fait comprendre facilement les sentiments qui inondent l’esprit du protagoniste. On s’intéresse très rapidement à cette histoire de kidnapping qui ne représente que la partie visible d’un iceberg qui se dote de fondations toutes aussi morbides que glauques.

Ainsi, les créateurs de 2Dark créent un effet boule de neige retentissant pour le scénario dont les rebondissements nous entraînent dans des ténèbres toujours plus abyssales au fil de son enquête. Celle-ci impliquera tout un conglomérat de truands dont les pratiques font froid dans le dos. C’est tout à l’honneur de Gloomywood qui peut se vanter d’avoir mis en scène une histoire qui tient étrangement la route, avec une écriture sombre qui nous donne envie de découvrir tous les secrets de cette affaire… Et le voyage ne sera pas de tout repos.

Les monologues du détective participent à une ambiance noire digne d’un polar.

Sous pression !

2Dark est un jeu d’infiltration qui nous promène dans le genre horrifique. Forcément, il a été pensé pour que le challenge soit au rendez-vous. Chaque fois que nous pénétrons dans un nouveau lieu, nous devons faire preuve de discrétion, d’efficacité, de logique et ne pas louper les occasions qui se présentent devant nous pour éliminer facilement un assassin. Faute de quoi, il sera nécessaire de taper et de faire marche arrière pour éviter la réponse de notre vis-à-vis qui est, la plupart du temps, immédiate. Dans le meilleur des cas, vous parvenez à le perdre dans le noir en fuyant… Notre jauge de vie n’est pas indiquée mais notre corps se détériore au fur et à mesure des coups qui nous sont assénés. Il en est de même pour les vilains. Autant vous le dire, vous ne pouvez pas opter pour l’approche bourrin mais devez être astucieux.

Ainsi, des zones d’ombre sont disséminées dans tous les niveaux et vous devez établir votre stratégie en fonction de cela. Vous décidez donc entre l’approche discrète et une progression en toute furtivité et l’approche furtive mais assassine en profitant des coins sombres pour éliminer vos adversaires en une fois, parfois en plusieurs temps. Les développeurs offrent quelques alternatives avec des animaux sauvages qui peuvent autant s’en prendre à vous qu’à vos adversaires, des pièges meurtriers provoquant parfois des jump scare comme je les déteste.

Cet écran s’est affiché bien trop de fois…

Très vite, nous sommes mis sous pression car la complétion d’un niveau nécessite la libération des enfants retenus captifs dans chaque bâtiment – les garder en vie est parfois une épreuve en soi – ainsi que la victoire contre le boss final. Les plus déterminés pourront chercher tous les bonbons du niveau et en découvrir aussi tous les dangers. Plusieurs objectifs et une multitude d’obstacles qui fragilisent votre progression et vous demandent une lucidité à toute épreuve. Des mécaniques de jeu efficaces, un peu vieillottes mais stressantes, avec de bonnes sensations de jeu dans sa globalité.

Un objet, plusieurs utilités, le titre est bien pensé en terme de gameplay.

En terme de prise en main, difficile d’y voir clair au départ mais les tutoriels nécessitent simplement de l’attention et le temps de la prise en main. A chaque début de niveau, on vous place entre les mains un revolver, une lampe, un paquet de clopes et un briquet. Vous devrez alors fouiller aux quatre coins du décor pour remplir votre inventaire. Celui-ci apparaît sans cesse à l’écran et reste accessible de façon intuitive mais pas toujours idéale. En effet, parfois il vous faudra un petit temps pour sélectionner l’objet souhaité et lorsque l’ennemi vous pourchasse, cela accentue la pression portée sur vos épaules.

Joindre l’utile à l’agréable

Pas de sauvegarde de votre progression dans le menu, celle-ci se réalise lorsque vous fumez une clope, action qui nécessite de maintenir la pression du bouton Triangle/Y afin de fusionner le briquet et le paquet de cigarette. Ce même système est employé pour la recharge de votre lampe (à coupler avec les piles) ou de votre flingue (qui nécessite donc les munitions). Ce sont trois fonctionnalités basiques auxquelles s’ajouteront d’autres paires d’objets à assembler au fil de votre enquête, ce qui nécessite un peu de jugeote sans trop d’assistanat.

Chaque élément du décor possède son utilité, des armes aux coupures de presse – participant à la narration de l’histoire – en passant par les clés et autres éléments disséminés sur le niveau. Cela nécessite simplement encore un temps de réflexion et de recherche quant à son utilisation.

Au final, c’est un retour réussi pour Frédérick Reynal qui parvient à nous plonger dans une ambiance toujours plus sombre et profonde à laquelle nous ne sortirons pas indemnes. Pire, l’enquête du détective Smith parvient à nous donner l’envie d’y retourner afin de compléter tous les défis. Une histoire intrigante et morbide servie par des mécaniques de jeu classiques mais bien pensées et une atmosphère qui nous met régulièrement sous pression.