Akiba’s Beat s’exporte enfin du Japon pour atterrir sur le marché occidental sur PS4 et PS Vita. La série Akiba commence à se créer sa petite communauté ici et il était donc logique que l’Europe connaisse également le virage Action-RPG de la franchise développée par Acquire.
Test publié à partir d’une version PS4 fournie par l’éditeur. Le titre est aussi disponible sur PS Vita. Suite d’un souci technique, nous publions à nouveau le test.
Les titres développés par Acquire – comme bien d’autres productions japonaises – s’exportent assez rarement en Europe, ce n’est donc pas anodin si Akiba’s Beat n’a pris « que » 6 mois pour venir jusqu’en Occident. Les développeurs avaient parfaitement négocié son entrée sur le marché, ce qui a conduit six ans plus tard à un bilan historique pour le studio. On se souvient du second épisode publié sous le nom de Akiba’s Trip : Undead & Undressed dans nos contrées et son concept surprenant qui consistait à dévêtir les vampires pour les exposer.
Aujourd’hui, les développeurs prennent des risques et changent de registre. Le soft s’inscrit davantage dans le Action RPG et fait disparaître son aspect loufoque déshabillé. Un titre accessible au plus grand monde de par sa ratification – PEGI 12 – mais non par sa localisation qui se contentera de la langue de Shakespeare. Au vu de la narration omniprésente et des dialogues à lire par centaine de lignes, cela peut décourager.
Commençons par une vidéo exclusive avant de partager notre test avec vous. Au programme, vous y retrouverez les séquences de combat en Mode Imagine dans les donjons et de la narration.
Le changement c’est maintenant !
Avec Akiba’s Trip : Undead & Undressed, nous nous étions quittés avec du fan-service comme les Japonais savent en faire et qui ne passent que trop rarement la frontière. Nous étions plongés dans un Action-Aventure, une production qu’il fallait prendre au second degré mais qui ne justifiait ni l’ennui qu’il provoquait ni la technique et les graphismes d’un autre temps.
Dans Akiba’s Beat, Acquire reprend quelques bases mais change de nombreuses pierres. Ainsi, les joueurs sont invités à revenir dans le quartier d’Akihabara et tous ses magasins de jeux et de manga. Le studio appuie sans forcer sur les spécificités d’Electric Town avec des boutiques, des salles d’arcade, des boutiques dont nous ne voyons que la façade extérieure, des habitants qui n’arborent aucun trait, juste quelques lignes de dialogues au-dessus de leur tête. Si l’univers peut paraître séduisant par ce qu’il représente, il ne cache pas son manque de vie et de travail, nous laissant l’impression de parcourir un monde vide et bâclé. Bien heureusement, l’intérêt du soft réside davantage dans la découverte d’un univers alternatif sur base d’illusions.
Dans l’optique de son changement, la série a évolué dans son système de combat. Par conséquent, nous ne prenons les armes non plus dans la rue mais derrière les portes cachant un monde d’illusions. L’exploration de celui-ci se fait souvent dans des environnements dits « couloirs » et remplis d’ennemis qui n’attendent que vous pour sortir les griffes. Nous apercevons les adversaires et il est possible d’esquiver mais si vous ne souhaitez pas que la difficulté du jeu s’élève rapido, je vous conseille de passer par le farm et l’élimination de toutes les bêtes que vous croiserez. Certes, parfois ce sera chiant, surtout quand il s’agit d’enchaîner les allers-retours dans le même portail mais cela vous évitera une défaite cruelle après 20 minutes de combat contre un boss.
Don’t beat me down !
Passons au système de combat en lui-même. Il emprunte pas mal au genre J-RPG. Vous êtes doté d’une capacité de mouvements limitée qu’il faut gérer soigneusement pour ne pas se prendre une attaque adverse de plein fouet. Autant vous le dire tout de suite, la gestion des offensives sera compliquée tant la technique demeure limitée et les combats traduisent autant la rigidité du système que la frustration qui en découle. On se retrouve avec du sous Tales of, avec l’impression que les mécaniques auraient pu être bien meilleures en terme de sensation mais qu’au contraire, elles ne créent que trop rarement de la satisfaction.
Au niveau de l’avatar de votre personnage, il est possible de discerner la jauge de vie, la jauge de « magie » permettant les attaques spéciales et un chiffre établi automatiquement à 4. Ce sont les 4 mouvements à réaliser avant le temps d’arrêt : une esquive, un déplacement rapide vers l’avant, une attaque et ce chiffre diminue. Ainsi, lorsque vous attaquez, c’est un combo de 4 coups qui est à votre disposition qu’il est possible d’agrémenter d’une attaque spéciale si votre jauge n’est pas vide. Le système en soi reste bien pensé mais il souffre d’une prise en main souvent difficile. Pour transcender vos combats, vous devez remplir une ultime jauge circulaire, ce qui fait sauter cette limitation de 4 coups. Il s’agit d’un CD que l’on active avec les touches X et O maintenues. Après cela, il est possible de réaliser tous les enchaînements possibles sans aucun arrêt, sans que l’attaque adverse nous renverse, ce qui permet d’atteindre l’ennemi avec efficacité. Par contre, ce n’est pas un genre de Musou Mode au cours duquel nous devenons invincible. En effet, si l’ennemi enclenche des actions – et il le fera – notre jauge de vie sera directement touchée.
De ce fait, il est indispensable de surveiller la barre vitale de nos alliés, de la régénérer avec quelques objets à disposition avec une simple touche, ce qui met en pause le combat. Autre point positif, il est possible de placer en raccourci quatre attaques spéciales au préalable, des techniques que nous débloquons avec le gain d’XP. Enfin, il reste agréable de pouvoir changer de personnages en plein combat en appuyant sur le pad directionnel. Il a été aussi été inséré un système de cartes à combiner pour créer des boosts de statistiques en plus des équipements à acheter dans les boutiques. Le système de cartes est bien pensé et c’est l’un des rares points positifs à retenir de notre expérience de jeu dans Akiba’s Beat.
Si les combats contre des ennemis secondaires seront expédiés en moins d’une minute, les boss se montreront bien plus coriaces. La dimension stratégique prendra une réelle importance entre les personnages de l’équipe, les réglages tactiques, les objets à utiliser, le mode Imagine à gérer car il donne un réel avantage et le système de 4 actions (puis davantage en progressant dans l’intrigue) à utiliser de la meilleure façon possible. En cela, il existe de bonnes idées dans les mécaniques de gameplay mais le tout souffre d’une technique limitée et d’un manque de dynamisme qui ne permet pas forcément d’apprécier pleinement l’expérience de jeu.
Forbidden Beat !
Ce qui reste un peu plus surprenant, c’est le manque d’effort en terme de sound design. Nous apprécierons la musicalité générale du soft, des pistes qui se lancent une fois que le mode Imagine est activé. Il faut dire que le studio a bien choisi sa J-Pop avec les deux idol qui forment ClariS (groupe signé chez Sony Japan, site officiel). Néanmoins, hormis lors des séquences Imagine, il est dommageable que la bande-son soit parfois en retrait, surtout lors de l’exploration de la ville. On ne se sent pas assez accompagné et vite abandonné dans l’ennui de la narration, une narration qui présente plusieurs obstacles.
En plus de la localisation full-english dont l’éditeur se vante – car doublage intégral – c’est le rythme qui fait défaut. Ce sont donc près de 22 000 lignes de dialogue qui ont été traduites et parfois notre session de jeu se résume en une session de lecture. Nous sommes baladés d’un lieu à un autre sans aucune séquence d’action pendant de longues – parfois dizaines de – minutes. Certains dialogues traînent en longueur et la tentation d’appuyer START pour zapper les conversations se fait ressentir très fort. Pour le coup, l’enchaînement des chapitres dessert une histoire pourtant de qualité, on se retrouve avec un manque de rythme, trop plein de narration et une exploration banale et répétitive, bon courage pour enchaîner de longues sessions de jeu.
De ce fait, on en vient à regretter les graphismes quelques peu dépassés. Certes, on apprécie la diversité des décors au sein du monde d’illusion – les donjons si vous préférez – mais la modalisation de certaines créatures qui s’y réfugient laisse à désirer. D’autres présentent des dessins plus appréciables mais cela demeure inégal. Pourtant, du point de vue artistique sur le design des personnages, Acquire s’en sortait plutôt bien. Nous avons droit à des personnages aussi variés que leur caractère et cela reste plutôt plaisant. Le héros de l’histoire présente des traits anti-héros puisqu’on incarne un paresseux geek sans travail qui apprécie sa vie de branleur, même pas motivé à l’idée de se sociabiliser. D’autres seront plus représentatifs de l’idée que l’on se fait de la culture jap’, avec une idol j-pop victime de ses fans envahissants, un émo et bien d’autres qui apportent un peu de vie au soft.
Chacun nous amène à nous lancer dans certaines quêtes annexes ou missions secondaires mais au vu de la narration un peu trop longue, c’est un réel fardeau de devoir s’y consacrer dans le but de farm ou de découvrir un scénario jamais trop passionnant. Pourtant, l’éternel recommencement demeure une bonne idée, avec un cycle jour/nuit implémenté avec parcimonie dans le fil scénaristique du jeu. Néanmoins, le surplus est néfaste pour notre ressenti général.
Dans son ensemble, Acquire présente une expérience de jeu bien trop insuffisante avec Akiba’s Beat. On aurait pu louer le travail sur la scénarisation si cela ne rendait pas l’histoire un peu trop molle, un peu trop chiante à suivre, osons le dire. Le virage Action-RPG ne se fait pas non plus sans mal. Si des bonnes idées demeurent avec des combattants en transe lorsque la musique retentit et que la jauge est pleine, le gameplay reste techniquement en deçà de nos attentes. Le système de mouvements limités demeure intéressant mais la hitzone et les attaques combinées manquent de précision. L’aventure demeure lente et répétitive, elle manque de folie et il faudra s’accrocher pour en venir à bout… Il est dès lors difficile de vous recommander Akiba’s Beat.