Yokai Watch en Europe : un futur bide ou le succès à la clé ?

Après l’Amérique du Nord, ce sont les Européens qui devraient avoir droit en 2016 à l’invasion de Yokai Watch. Comment le public l’accueillera t-il ?

Yokai Watch aura la lourde tâche de conquérir la France et l’Europe dans les prochains mois après un début poussif aux Etats-Unis. Réel phénomène au Japon, Viz Media l’annonce comme le nouveau Pokémon. Dans les ventes de jeux vidéo, cela tend à se confirmer  même si le bilan reste encore éloigné du succès de Pokémon X/Y (+ de 13M de copies dans le monde, 4.32 au Japon).

Si on se tourne vers le classement des meilleures ventes au Japon en 2015, les deux jeux Yokai Watch Busters se situent à la deuxième place (avec un peu moins de 2M de ventes) derrière l’ouragan Monster Hunter X. Quant à Yokai Watch 2 sorti en décembre 2014, il a atteint les 2.6M de ventes. Celui sorti en juillet 2014 a dépassé les 3 millions d’unités écoulées, le plaçant au même stade que Pokémon ROSA.

Level-5, Viz Media et même Nintendo sont conscients que s’ils veulent placer les Yo-Kai à la même échelle que les Pokémon, il est obligatoire d’exporter les jeux en Occident. Dans cette optique de s’internationaliser, les Américains ont eu droit aux aventures de Keita, lancées par un bundle 2DS à petit prix. Deux mois plus tard, on constate que la mayonnaise n’a pas pris. Une première semaine à 21.507 ventes (selon VGchartz) puis 6.799 en seconde. Malgré une campagne marketing conséquente, Yo-Kai Watch tourne autour des 10k aux USA. Il termine 2015 avec un peu moins de 100.000 ventes. Très insuffisant.

Comment expliquer un total si pauvre ? Ce n’est certainement pas à cause de la presse américaine qui l’a majoritairement encouragé voir encensé. Nous vous avions même concocté un résumé des critiques qui étaient davantage positives que négatives. Metacritic, qui réalise une moyenne de toutes les notations, le place à 78/100, la note la plus basse lui a réservé un 6/10. RPGgamer qui lui reprochait un gameplay un peu trop répétitif. Donc pourquoi le public n’a pas suivi ?

En premier lieu, nous l’avons souvent répété, la popularité des Yo-kai repose en majorité sur le folklore japonais et les traditions locales. Pour s’y intéresser, il est nécessaire de faire ses recherches soi-même ou d’être un amoureux du Pays du Soleil Levant. Les créatures de Pokémon demeurent plus universelles, s’inspirant de la faune et de la flore ou de mythes du monde entier.

Ensuite, son erreur a peut-être été de baser une partie de sa communication sur un discours le proclamant comme étant le nouveau Pokémon. Cela a engendré plusieurs effets négatifs. Certains amoureux de Pikachu et sa bande ont considéré les propos comme de la prétention venant d’une franchise dont il n’ont, pour la plupart, jamais eu vent. On ne touche pas à Pokémon en France et probablement Outre-Atlantique car la licence a fait ses preuves et perdure depuis maintenant 20 ans.

Les fans recherchent-ils vraiment un « nouveau Pokémon » ? Probablement pas. Tout le monde attend surtout la suite portant la dernière lettre de l’alphabet (vous avez compris…). Il aurait peut-être fallu que Viz Media et autres vendent le titre comme étant une expérience inédite, qui ne se rapproche d’aucune autre franchise. En soulignant son rapprochement avec Pokémon, ils ont surtout invité les médias à partir avec des a-priori, à commencer les comparaisons dès les premières sessions de jeu. Des ressentis biaisés ont transpiré des écrits de la presse US, ce qu’ils proposaient au public ne s’est pas inscrit dans les attentes de celui-ci.

Puis, l’offre commerciale qui a accompagné sa sortie aux Etats-Unis était-elle suffisante ? Proposer un bundle Nintendo 2DS à 99.99$ n’a pas convaincu les Américains et risquent de ne pas emballer les Européens. L’alternative se situerait peut-être vers un pack (New) 3DS en promotion, mais encore faut-il se mettre d’accord avec Nintendo qui n’aime pas baisser les prix de ses jeux ou ses consoles (excepté la 2DS).

Enfin, la stratégie concernant la diffusion des dessins animés Yo-Kai Watch était plutôt bonne. Elle portait ses fruits et a lancé convenablement l’univers sur le continent américain. Ce n’est probablement pas de ce côté-ci que les erreurs ont été réalisées.

Viz Media a d’ailleurs officialisé l’arrivée des Yo-Kai en Europe et en Afrique dans plus de 100 pays. Les mangas et les jouets Hasbro suivront la sortie des jeux vidéo et des dessins animes. Ils ont assuré que la première saison de 24 épisodes serait diffusée sur une chaîne populaire chez les enfants en France, ce qui nous amène vers Gulli, France Télévisions ou TF1 le samedi matin.

Attendez-vous à être bombardés de Yokai dans les mois à venir. Pas seulement en dessin animé et en jeux vidéo puisque des jeux de société devraient s’exporter chez nous. En témoigne le Monopoly et le Destin tous aux couleurs de Yo-Kai Watch, concoctés par Hasbro. Au Japon, ils ont déjà droit à un Yo-Kai Watch Dance sur Wii U (collaboration Level-5 – Ubisoft), le faire suivre en Occident constituerait une manière plutôt efficace de faire grimper leur côte de popularité.

Des leçons devront être tirées concernant l’échec américain au risque de connaître la même déconvenue en Europe.