[TEST] Gravity Rush Remastered : Katwoman est de sortie

Lançons-nous dans Gravity Rush Remastered, un jeu dans lequel le chat subit les caprices d’une petite blonde aux yeux rouges

Gravity Rush Remastered

Fiche Technique

  • Support: PlayStation 4
  • Test effectué d’après une version fournie par Sony
  • Éditeur: Sony
  • Développeur: SCE Japan Studio
  • Type: Action
  • Date de sortie : 2 février 2016

Gravity Rush Remastered s’inscrit dans la grande lignée des productions remastérisées mais possède une particularité : elle n’avait été publiée que sur console portable, en 2012. Même si Gravity Daze, de son nom japonais, s’appuie sur une belle popularité pour les aficionados Sony possédant une PS Vita, son portage sur PlayStation 4 a pour ambition de la faire découvrir à un plus large public. Derrière ce titre, une belle équipe avec notamment Keiichiro Toyama et Naoko Sato, deux esprits créatifs qui n’ont plus à faire leurs preuves depuis la sortie du premier Silent Hill. Par contre, ce remaster ne s’inscrit en rien dans l’épouvante, ici on joue avec la gravité, des décors animés et une héroïne amnésique qui devient vite l’atout numéro 1 d’une ville perdue au milieu de nulle part. Il est temps de partager avec vous le test de Gravity Rush Remastered en quelques mots mais aussi en vidéo.

 Des débuts poussifs mais entraînants

Gravity Rush Remastered ne démarre pas en fanfare, c’est le moins qu’on puisse dire. Ne vous attendez pas à des phases de gameplay trépidantes dès les premières minutes du jeu. Le rythme ainsi que la difficulté vont crescendo. La direction artistique vous place en premier lieu en spectateur, notamment lors de la cinématique d’ouverture durant laquelle vous suivez une pomme qui traverse la ville en compagnie d’une bande-son calme.

Lorsque vous commencez enfin à prendre le contrôle de votre personnage, vous n’êtes pas encore dotés d’un gameplay fulgurant. La jeune fille est amnésique, elle ne sait ni d’où elle vient, ni où elle va et on vous force à la faire courir durant de longues secondes. En réalité, on vous installe un décor, la ville flottante d’Hekseville dessinée façon BD/manga dans laquelle une population méfiante plus que meurtrie, divisée entre les riches et les pauvres, se trouve en quête d’un sauveur contre une tempête de gravité et des ennemis qui surgissent de nul part.

Le tutoriel démarre enfin dans une situation dans laquelle vous devrez venir en aide à la population en apprenant à vous servir de la gravité. Tout comme l’héroïne que vous incarnez, vous êtes lancés tout à coup dans des manœuvres qui demandent une bonne maîtrise, il ne sera pas évident d’inverser la gravité, de vous lancer de sols en murs, un temps d’adaptation sera nécessaire pour ensuite engendrer plus de confiance dans le gameplay.

 

Il est important de souligner les différentes formes de dialogues qui émanent de Gravity Rush Remastered. Outre une narration en V.O. (enfin, un dialecte qui m’est bien inconnu), nous retrouvons souvent des conversations sous forme de bandes-dessinées toutes écrites en Français. Soulignons l’effort. Quelques cinématiques viendront dynamiter vos séquences de gameplay après les premiers chapitres. Par contre, les protagonistes urbains que vous rencontrez ne disposent généralement pas de voix, les conversations se font par bulles interposées. Toutes ces spécificités n’aident pas les débuts poussifs du jeu. Dans les premières heures, le rythme reste mauvais parfois même frustrant. Nous devons nous contenter de pauvres minutes de gameplay, découpées entre diverses cinématiques et dialogues en BD (sans oublier des discussions ici et là). On s’agace des interruptions dans les phases de jeu. Au vu des capacités obtenues, on réclame vite une certaine liberté de jeu !

Kat, entre chat et chiens

Très vite, on réalise que c’est un chat noir qui nous donne nos pouvoirs, il accompagnera durant son long périple la jeune fille que l’on surnomme Kat. Ces pouvoirs, nous les maîtrisons au fur et à mesure des défis, des quêtes et des promenades dans les airs auxquels nous nous adonnons. Les dons extraordinaires que nous délègue ce chat permettent quelques rodéos aériens mais aussi l’acquisition de certaines techniques. Les glissades gravitationnelles nous font gagner en vitesse et donnent la sensation de faire du ski nautique… sur béton. La télékinésie sera également de la partie et on s’autorise quelques lancers en pleine face. Mais ne nous le cachons pas, lorsque les ennemis ramènent leurs globules rouges, la plus grande des tentations demeure d’enclencher des coups de pieds gravitationnels. Ils permettront de se débarrasser des Nevis (précédemment intronisés globules rouges par nos soins) qui pullulent et qui possèdent un point faible apparent : leur cœur qui scintille. La visée n’est pas (complètement) automatique, il n’est pas étonnant de rater sa cible et gare à la chute, car votre jauge de gravité n’est pas illimitée, jauge qui diminue après chaque seconde passée à graviter. Certains trouveront la visée et les mouvements approximatifs mais ils ne le sont pas réellement. Ils exigent une gestion adroite du timing et des deux joysticks, le gameplay devient bien vite instinctif une fois ces conditions remplies.

La fluidité des séquences d’action dépend donc de la facilité à maîtriser les pouvoirs de Kat. Un contrôle de la gravité et des mouvements qui deviennent rapidement primordiaux quand on affronte des ennemis de plus en plus puissants et des boss. Les Nevis sont hiérarchisés d’une manière très simpliste, plus ils grandissent, plus ils sont dangereux, plus ils ont de cœurs à atteindre. Il sera fréquent d’en retrouver de toutes les espèces sur un même champ de bataille, ce qui procure au jeu un aspect assez répétitif. Presque tous les ennemis ont le même point faible et sont abattus de la même façon (à une exception près), avec un « Finish » qui ne change que pour les deux dernières batailles finales. Encore heureux qu’ils n’aient pas tous les mêmes mouvements et qu’il faille varier les nôtres et user d’esquives contre certains. Les uns vous jetteront des sphères circulaires pour nous atteindre quand les autres nous rentrent dans le lard.

L’usure quant à cette répétition dans le gameplay se fait surtout ressentir sur la fin de l’aventure et c’est peut-être à ce moment qu’on réalise l’importance des cinématiques ou des passages BD. Elles permettent de moins ressentir cette redondance. Mais les développeurs se sont servis d’autres astuces pour enrichir l’expérience de jeu.

Have a break, have a Kit Kat !

Kat évoluera au fur et à mesure de sa mission, protéger les habitants et leur ingratitude mais aussi leur ville. En arpentant les rues dont les résidents sont aussi bruyants que des abeilles devant un ours, on trouve une multitude d’activités annexes. Ainsi, à chaque dizaine de gemmes dépensées dans la réparation de services ou décorations, un nouveau défi est débloqué. Ils consistent en trois challenges différents tous limités en temps. On y retrouve des parcours où il faudra aller d’un point à un autre tout en glissade dans l’un, en exploitant vos pouvoirs de gravité dans l’autre. Dans le troisième, il nous est aussi demandé d’enchaîner les combos contre les Nevis pour atteindre un score élevé dans un laps de temps déterminé. Nous vous avons compilé en vidéo quelques défis.

Il existe un moyen pour maximiser les chances de décrocher l’or à chaque défi et c’est un aspect plaisant de Gravity Rush Remastered. Il s’agit des améliorations qui se débloquent à coups de centaines puis d’un millier de gemmes. Elles permettent d’optimiser les coups spéciaux et les différentes techniques de combat de Kat.

Kat profite aussi de 5 tenues différentes, débloquées à partir de quêtes annexes qui se décomposent chacune en deux temps. Certaines requerront de suivre des citoyens en Katimini, d’autres de faire la course avec un gang qui martyrise un quartier. Néanmoins, on regrettera que ces missions secondaires manquent de profondeur, on aurait aimé qu’ils creusent un peu plus certaines intrigues. Au lieu de cela, à moins que vous ne rencontriez des difficultés à remplir les objectifs, il vous faudra plus ou moins de 15 minutes pour les différents packs. Cela dit, le jeu en vaut la chandelle puisqu’on y gagne des costumes vraiment plaisants pour Kat. A nous de choisir quelle tenue arborer chez Kat, un chez soi qui se trouve dans une bouche d’égout, marquant une nouvelle fois la fusion entre l’héroïne et le chat.

 

Soulignons que l’héroïne se situe aux antipodes des personnages féminins classiques qu’on retrouve dans bon nombre de productions japonaises. Il n’est ici nulle question de mettre en avant ses courbes par le biais de tenues séduisantes mais bien de soigner chaque apparence qui apporte un plus au personnage. Les missions secondaires conservent le mérite de proposer une facette différente de la personnalité de Kat, mise en avant par le biais de multiples situations dont elle doit faire face. L’héroïne a du coeur et ne cherche pas à faire grimper sa côte de popularité en se dévêtant. On constate très vite que les développeurs ont placé l’intérêt ailleurs, dans une sorte de voyage initiatique qui témoigne souvent du courage de l’héroïne et de sa volonté de découvrir une vérité difficile à épingler.

Des décors chatoyants !

Gravity Rush Remastered excelle par la variété des décors qui sont modifiés en changeant d’altitude, d’un quartier à un autre, d’une faille à la suivante. Plongé à de multiples reprises dans l’inconnu, le titre de Sony nous berce autant par la musique que par des changements d’environnements remarquables et remarqués grâce à la succession des couleurs. Un spectacle auquel on assiste après chaque trajet en aéroglisseur ou en locomotive, nous ne pensons pas avoir une seule fois critiqué la durée d’un voyage. Certaines séquences sonores restent magistrales, on pense à ce voyage intérieur de Kat, autant introspectif qu’abstrait.

Si Hekseville ne brille pas par sa longueur, son étendue se reflète par une immense verticalité. De ce point de vue là, le titre exploite efficacement le principe de la gravité et ne repose pas sur ses lauriers à la surface de la ville. Elle représente un réel iceberg et la plongée au cœur de celui-ci est infinie (ou presque, on le découvrira).

Puis, la richesse de la carte se découvre aussi dans la représentation de chaque quartier. Celui dans lequel on atterrit au début propose des paysages urbains, dans lesquels on découvre une population engluée dans son quotidien, avec des habitants aigris. Ensuite, l’intrigue nous embarque dans un trip nocturne, le quartier festif, plus coloré et beaucoup plus vivant. Puis, on a un aperçu d’une zone industrielle mais cela ne concerne que les parties « visibles » à la surface de la ville.

Les failles affichent une disparité supplémentaire avec des zones de combat plus ou moins dangereuses. On nous propose une virée en enfer dans lequel notre chemin est guidé par la flore et les rayons qu’elle émet à condition d’éclater tout être malveillant qui circule. A l’inverse de certaines missions annexes, les niveaux de faille représentent réellement des virées entraînantes dans des décors où l’on se castagne volontiers. Elles mettent en avant des personnages secondaires qui sont dignes d’intérêts.

Les personnages secondaires, une gravité à géométrie variable

Lors de notre périple, nous sommes amenés à rencontrer tout un tas de personnages qui vont nous aider mais surtout nous confier des quêtes supplémentaires. Dans Gravity Rush Remastered, les protagonistes n’ont pas une grande utilité avant de nombreuses heures. Les premières personnes que vous aidez ne servent qu’à récolter les lauriers de vos actions et surtout semble être des idiots finis, s’inscrivant dans la lignée de stéréotypes. On peut citer l’autorité à qui il faut bien du temps pour deviner que vous êtes de son côté. Même chose pour la majorité de la population que vous regrettez ne pas pouvoir bastonner d’un bon coup de pied dans les gencives.

A vrai dire, les seuls personnages dignes d’intérêt demeurent ceux qui font preuve d’opposition. Alias, le vilain qui fait sauter des bombes aux quatre coins de la ville semble être un psychopathe comme les concepteurs savent en fabriquer d’une main de maître. Puis la mystérieuse jeune fille qui maîtrise elle aussi la gravité et qui inspire de la crainte chez Kat, le reste ne fait pas preuve d’une intelligence artificielle grandiose ou s’intègre trop dans certains clichés.

Heureusement, l’intrigue n’en pâtit pas une seule fois et on se plait à suivre aveuglément Kat dans son voyage et ses découvertes. Si les autres éprouvent un mal fou à exister, c’est probablement dû à la présence et au courage de l’héroïne.

 

En résumé, on se laisse porter par les aventures de Kat sur les terres flottantes d’Hekseville. L’intérêt du scénario s’est très vite porté vers les mystères qui l’entourent pour se relancer ensuite sur les tourmentes intérieures de la jeune fille. Néanmoins, on en ressort avec ce goût d’oeuvre inachevée tant certaines interrogations restent en suspens. La richesse des décors et l’inconnu dans lesquels nous sommes plongés font oublier rapidement l’aspect répétitif du gameplay. Le rythme qu’on pensait trop découpé dans les premières heures s’est amélioré au fur et à mesure que les activités annexes se découvraient. Le cocktail entre les cinématiques, les phases d’actions et les pages de BD s’agencent pour former un fil conducteur entraînant. On regrettera évidemment le manque de profondeur des missions secondaires et de bon nombre de personnages.

Bref l’expérience de jeu affiche un bilan bien positif et on attend la suite avec impatience afin que tous les mystères soient éclaircis.