[Test] Legend of Legacy, un héritage pas si légendaire

A l’approche de sa sortie officielle française prévue pour le 5 février, nous avons pu tester Legend of Legacy, un J-RPG qui a peut-être pris le terme « old-school » un peu trop au pied de la lettre.

Fiche Technique

  • Support de test : Nintendo 3DS XL
  • Version du jeu testée : version américaine fournie par Atlus
  • Éditeur : Atlus (Amérique du nord), NIS America (Europe)
  • Développeur : FuRyu
  • Type : RPG japonais, heroic-fantasy
  • Date de sortie française : 5 février 2016

Avalon, mais scenario court

D’entrée de jeu, Legend of Legacy nous propose d’incarner un héros parmi 7 aventuriers au choix : Meurs l’élémentaliste, Liber le chasseur de trésors, Bianca l’amnésique, Garnet la templière, Owen le mercenaire, Eloise l’alchimiste, et Filmia le prince grenouille (NDLR : les noms présents dans la version américaine du jeu sont susceptibles de changer en VF). Précisons que le choix effectué ne sera pas réellement crucial pour le déroulement de l’histoire, mais déterminera néanmoins certains détails comme les deux compagnons qui vous accompagneront dès le début du jeu :

  • avec Filmia, vous serez accompagnés par Liber et Bianca ;
  • avec Owen, vous serez accompagnés par Garnet et Filmia ;
  • avec Bianca, vous serez accompagnés par Filmia et Eloise ;
  • avec Garnet, vous serez accompagnés par Owen et Meurs ;
  • avec Eloise, vous serez accompagnés par Owen et Liber ;
  • avec Meurs, vous serez accompagnés par Garnet et Bianca ;
  • avec Liber, vous serez accompagnés par Eloise et Meurs ;

A noter qu’il sera toujours possible de recruter les quatre autres aventuriers en se promenant dans la ville de départ et en leur adressant la parole pour leur demander de se joindre à vous. Une fois la sélection du personnage terminée, une courte introduction sera lancée, vous expliquant les motivations de votre protagoniste, avant d’être suivie par une austère introduction générale qui vous expliquera les – courtes – bases du scenario avec des dialogues hélas peu inspirés. C’est aussitôt après ces deux scènes que vous serez directement lâchés dans la nature pour vous permettre de faire connaissance avec le gameplay général, sous la forme d’un tutoriel très succinct qui se résume à quelques phrases prononcées par les personnages qui commenceront par vous apprendre les bases du système de formation, avant de vous expliquer que les ennemis se croisent sur la carte à la manière d’un Grandia, et non de façon invisible et aléatoire comme dans un Final Fantasy.

Ce qui déroute, dès le départ, est l’impossibilité d’accéder au menu. Cette étrangeté n’étant pas expliquée, on en vient donc instinctivement à tapoter sur les différents boutons de la 3DS pour tenter de deviner lesquels correspondent à tel ou tel menu, nous permettant de confirmer que le menu et bel et bien inaccessible et que les boutons Start et Select servent à actionner un système intéressant mais hélas mal exploité dans Legend of Legacy : le screenshot. Si cette idée est effectivement la bienvenue pour permettre aux joueurs de partager leurs expériences du jeu, on regrettera tout de même les trois lignes d’information de copyright qui squattent le coin inférieur droit de l’écran (masquant parfois certains éléments comme des textes du jeu), et l’impossibilité de capturer l’écran du bas… un comble, quand on sait qu’il existe deux boutons pour capturer celui du haut. Pourquoi ne pas avoir configuré un bouton pour capturer chaque écran ? Mystère.

La suite des évènements de l’intro de Legend of Legacy vous mènera ensuite auprès du roi autoproclamé de l’île d’Avalon, qui vous chargera sans trop de question de l’exploration de ces terres mystérieuses. Et… c’est tout, vous serez directement lâchés dans la nature, vous laissant seuls pour comprendre le fonctionnement précis des rouages du jeu. Bien que quelques phrases de vos personnages vous donneront quelques informations – au sujet du système de combat, par exemple – on se sent assez vite abandonné au bout des vingt premières minutes de jeu.

Legend of Cartography

Le principe de Legend of Legacy est assez simple, une fois les environs explorés : l’objectif du joueur va être d’explorer l’île d’Avalon, et ce, de manière quasiment libre. « Quasiment », car toutes les zones ne seront pas disponibles dès le départ, et il vous faudra en acheter les cartes ou les découvrir par vous-mêmes via des passages ou des endroits particuliers à trouver. L’un des points intéressants qui vient accompagner cette agréable sensation de liberté, c’est la cartographie. Chaque zone explorée est découverte au fur et à mesure, le brouillard disparaissant aux endroits visités. De fil en aiguille, vous aurez ainsi la capacité de dévoiler 100% de la zone, donnant le maximum de valeur à vos cartes, ce qui vous permet ensuite de les revendre à prix fort auprès du marchand.

Si ce gameplay axé autour de la découverte est plaisant en soi, on s’en lasse cependant assez rapidement. L’exploration n’est que trop souvent entrecoupée par les combats de monstres certes visibles, mais difficilement évitables la moitié du temps. Si les combats sont toujours utiles pour l’expérience glanée, ce rythme frénétique gâche le plaisir de la découverte en nous empêchant d’être suffisamment focalisés sur l’aspect pourtant excitant de l’exploration telle qu’elle nous est présentée dans le jeu. C’est d’autant plus gênant que les combats ne sont pas du genre à être pliés rapidement en acquérant suffisamment d’expérience pour tuer rapidement les monstres du coin, car la difficulté du jeu se veut assez exigeante : le système de leveling, en effet, se base sur le grinding (actions répétitives), et non sur une classique montée en niveaux donnant accès à des compétences.

Dans Legend of Legacy, chaque compétence possède ainsi un niveau qui lui est propre, qu’il s’agisse d’une technique de combat ou de votre capacité à manier une arme précise, et c’est le nombre d’utilisations qui déterminera le déblocage de nouvelles compétences ainsi que votre degré de maîtrise. La vitesse d’apprentissage de ces compétences peut paraître assez raisonnable au début, mais une fois atteint le deuxième groupe de zones, on se rend assez vite compte qu’il va falloir combattre un nombre incalculable de fois pour améliorer ses compétences et son maniement des armes. Les combats se résument donc assez vite à un besoin de farming intense, nécessaire pour survivre dans les nouvelles zones que vous découvrirez. C’est fort dommage, car le jeu innove sur d’autres points, principalement avec le système des élémentaires, forces de la nature qui sont rapidement placées au centre de l’histoire.

The Elementalist

Le concept des élémentaires est assez confus au début – la faute, là encore, à un cruel manque d’informations de la part du jeu. Cependant, une fois maîtrisé, le concept est redoutable d’originalité : tout au long du jeu, vous aurez la possibilité de découvrir des Singing Shards et des Whispering Shards (NDLR : la VF officielle est encore inconnue à l’heure où sont écrites ces lignes) vous donnant la possibilité d’établir des contrats avec les élémentaires ou d’invoquer des techniques liées aux quatre éléments existants. Lors d’un combat, l’écran du bas vous indique quel est l’état de la balance des éléments, car selon les situations (zone explorées, évènement en cours, activation d’autels élémentaires, …) la balance est plus ou moins favorable à certains. Au début du jeu, par exemple, c’est l’élément eau qui sera favorisé, alors que celui-ci sera assez faible lorsque vous explorerez des zones arides. L’intérêt de cette balance est de déterminer la puissance des techniques qui y sont liées. A partir des ces informations, vous pourrez ensuite user des Singing Shards pour influer sur la balance et augmenter les effets de vos compétences associées. Cependant, l’ennemi a également la main sur cette balance, et étant donné qu’un seul camp à la fois peut bénéficier des avantages de chaque élément, il vous faudra à la fois prendre en compte le renforcement des éléments, mais également vous donner la capacité de les garder dans votre camp, sous peine de donner des avantages cruciaux à l’ennemi, voire de rendre inefficaces vos techniques liées à tel ou tel élément.

Si l’aspect stratégique d’un tel système est indéniable, on regrette cependant l’obligation de devoir rappeler les éléments trop souvent de notre côté dans certaines situations, nous forçant régulièrement à briser les formations établies en attribuant un personnage – ou plus – au rappel des élément, nous faisant ainsi perdre de précieux tours pour attaquer ou se défendre. Le système est donc intéressant, mais peut-être un peu trop présent lorsqu’il devient nécessaire de s’en servir (contre les boss, essentiellement, mais aussi les larges groupes d’ennemis).

Les formations, d’ailleurs, représentent un autre point positif de Legend of Legacy. Cette fonctionnalité vous permet de déterminer un certain nombre de formations sélectionnables à chaque tour du combat, en attribuant à vos 3 personnages un rôle sur les trois disponibles (attaque, défense, soutien). Par exemple, dès le début du jeu, vous aurez accès à une formation totalement offensive qui place vos trois personnages en mode attaque, ainsi qu’à une formation en triangle, composée d’un membre d’équipe en mode défense qui sera flanqué de deux équipiers en mode attaque. Chaque rôle donne alors accès à des avantages, comme plus de rapidité pour le soutien, une défense accrue pour le défenseur, et plus de puissance de frappe pour l’attaquant. Et là aussi, le principe de grinding s’applique : plus vos personnages endosseront un rôle précis, et plus ils seront efficaces dans celui-ci. On peut également noter que certaines techniques auront des effets différents selon le rôle de l’utilisateur. La capacité à se défendre avec un bouclier permettra ainsi à un personnage défenseur de protéger tout le groupe de certaines attaques ennemies.

Art of Legacy

Techniquement, Legend of Legacy est très joli pour un RPG de Nintendo 3DS. La direction artistique fera parfois penser à un Final Fantasy 9, avec ses personnages en SD, ses décors colorés, et sa bande-son douce et mélodique. De manière générale, on sent que les équipes de FuRyu ont beaucoup travaillé sur l’identité visuelle et sonore du titre. Cependant, le level-design a de quoi en étonner plus d’un : au cours de votre progression sur la carte, les décors situés en bordure d’écrans surgissent du sol comme si le jeu peinait à afficher les éléments du niveau en avance. Cependant, quand on y regarde de plus près, il s’agit bel et bien d’un effet visuel volontaire, bien qu’étrange. Si au bout d’un moment on en vient à ne plus remarquer ce phénomène, l’apparition continuelle d’éléments du décors est assez déroutante au début du jeu…

Au niveau du chara-design, cependant, on déplorera un manque d’originalité flagrante qui est encore plus notable lorsque l’on se penche sur le profil des personnages : une fille amnésique en quête de son passé (Bianca), un personnage totalement générique (Meurs), un mercenaire stoïque (Owen), un chasseur de trésor désinvolte, … au milieu de ces clichés, il n’y a véritablement qu’un seul personnage qui sort à peu près du lot, et il s’agit de Filmia, le prince grenouille. Et malheureusement, le peu de dialogue au sein du jeu finira de plomber l’ensemble des personnages, mettant en exergue les lacunes de chacun en terme de charisme. C’est dommage, car le côté SD des personnages les rendrait finalement mignon et presque attachants, s’ils n’avaient pas été aussi effacés au niveau des dialogues et des échanges. De ce fait, la rejouabilité du jeu n’est même pas assurée par la possibilité pourtant alléchante de pouvoir changer de protagoniste, puisque les différences sont finalement assez mineures d’une partie à l’autre.

Pour finir, l’ergonomie de Legend of Legacy est également critiquable, avec par exemple une non-utilisation du système tactile de l’écran du bas qui aurait pu servir à l’apparition d’info-bulles utiles au début du jeu. Lors des phases d’achat/vente avec le marchand, également, on déplorera l’absence de comparaison entre le matériel proposé et celui équipé, ce qui force le joueur à quitter l’écran d’échange pour aller mémoriser les caractéristiques du matériel des personnages avant de faire le comparatif avec celui du marchand. Le genre de détail qui fait un peu tâche à une époque où ce principe de comparaison est désormais largement répandu dans les RPG japonais ou occidentaux. Toutefois, relativisons : bien que certains détails soient critiquables, l’ergonomie générale de Legend of Legacy se situe dans la moyenne, et se révèle tout de même majoritairement agréable. On remarquera tout simplement que celle-ci est à l’image du jeu en général : un mélange de bons points et de mauvais points qui auraient pu être évités.

LES TOPS

LES FLOPS

  • 👍 La liberté d’exploration
  • 👍 La balance des éléments & les formations
  • 👍La direction artistique
  • 👍 Les chansons de Filmia, le prince-grenouille
  • 👎 Le scenario trop peu présent
  • 👎 Les personnages peu inspirés
  • 👎 La répétitivité du gameplay
  • 👎 Le sentiment d’abandon au début du jeu