[TEST] Rise of the Tomb Raider : bons baisers de Sibérie

En ce début du mois de février, nous décidons de suivre Lara dans son périple en Sibérie où se mêlent randonnée pédestre, quête du Graal, et chasse à l’ours.

Fiche Technique

  • Support de test : PC – OS W7 64 bits / Intel Core i5-2500K 3,30 GHz / 8 Go RAM / Asus GTX 760 (2Go VRAM)
  • Version du jeu testée : version FR commerciale (pré-patch) fournie par Square Enix France.
  • Éditeur : Square Enix
  • Développeur : Crystal Dynamics
  • Type : Action/Aventure
  • Date de sortie française : 28 janvier 2016

L’aventurière de la Source perdue

Sorti en exclusivité temporaire le 13 novembre 2015 sur Xbox One et Xbox 360, Rise of the Tomb Raider est désormais disponible sur PC. L’occasion pour nous de mettre la main sur les nouvelles aventures de Lara qui sonde cette fois-ci les mystères de la Sibérie après un petit détour par la Syrie. Pour recentrer un peu l’histoire, la vie de Lara ayant été changée après les évènements qui se sont déroulés durant ses précédentes aventures, celle-ci a décidé de marcher sur les traces de son défunt père en partant à la recherche de la Source Divine, artefact qui aurait le pouvoir d’accorder l’immortalité si l’on se réfère à d’anciens récits contant la vie d’un bien étrange prophète ayant vécu à l’époque de l’empire byzantin. Et dans la foulée, Lara compte bien rétablir l’honneur de son père, bafoué de son vivant par ses confrères historiens qui ne croyaient pas en ses théories.

Sans trop révéler de détails, l’introduction du jeu vous place directement en pleine ascension d’une montagne à la recherche de la cité perdue de Kitej, réputée pour avoir été la dernière demeure du prophète. Accompagnée du fidèle Jonah, Lara en profitera alors pour vous rappeler les contrôles de base, nécessaires pour l’exploration verticale des environnements. Et d’entrée de jeu, on ne peut qu’être frappé par les prises de vues utilisées lors des évènements qui s’enchaînent rapidement. La caméra est ici intelligemment utilisée pour rendre compte du point de vue des personnages, comme lorsque la glace se brise sous les coups de votre piolet, menaçant ainsi de vous engloutir dans les abysses des montagnes sibériennes pendant que la vie de Lara n’est alors plus suspendue qu’à un fil. On remarquera d’ailleurs le même soin apporté à la mise en scène tout au long du jeu, Crystal Dynamics transformant les cinématiques et les cut-scenes de celui-ci en de véritables extraits de film. On imagine aisément ce que pourrait donner un tel travail dans un futur proche avec un casque de réalité virtuelle. Miam.

Les évènements s’enchaînent ensuite jusqu’à un flashback sous le soleil de Syrie, dont les magnifiques décors nous font regretter de ne pas pouvoir y rester plus longtemps. Il faut l’avouer, même si les décors sibériens demeurent magnifiques peu importe le climat, on est parfois saturés par l’omniprésence de la neige durant une bonne partie du jeu. Heureusement, la Sibérie vous proposera tout de même des cieux plus cléments au fur et à mesure de la découverte de zones de jeu qui seront disponibles tout au long de l’avancée de l’histoire.

Pour améliorer son matériel, Lara Crafte

Disons-le tout de suite, la progression au sein de Rise of the Tomb Raider ne va pas vous dépayser, étant donné que celle-ci est presque un copié-collé de celle de l’opus précédent. On crapahute en extérieur, on enchaîne quelques missions solo, on croise des tombeaux facultatifs à explorer, on crapahute encore pour ramasser des reliques ou des pièces d’armes, et on continue les missions solo. Quelques nouveautés font cependant leur apparition : le crafting, qui vous permet de récupérer des ressources (via la chasse ou la récupération de pièces détachées) pour créer des améliorations d’armes, des bandages ou des accessoires ; la possibilité de récupérer ou de crafter de nouvelles tenues dont certaines offriront un avantage particulier ; ou encore des missions légèrement scénarisées. Malgré cela, ces fameuses nouveautés ne suffisent pas à faire passer ce sentiment de déjà-vu qui nous donne plus l’impression d’avoir à faire à un Tomb Raider 1.5 qu’à une véritable suite.

Il en va de même avec le scenario de Rise of the Tomb Raider. Grosso modo et sans spoiler, le schéma narratif est presque le même, avec l’ordre d’apparition des bad guys, l’apparition/disparition des alliés à retrouver/secourir, les moments de faiblesse de Lara, et l’entrée finale dans la partie un peu plus mystique de l’histoire. Loin d’être ambitieux, le scénario n’offre jamais de rebondissements inattendus, et les deux réels twists censés faire bondir le joueur sur son fauteuil ou son canapé à des moments-clés du jeu peinent à surprendre, les révélations étant clairement faciles à prévoir – l’une des deux étant même téléphonée plusieurs heures de jeu en amont. On en vient donc a ne plus être que spectateur des aventures de Lara, au lieu de les vivre réellement, malgré les promesses du début de jeu, lorsque la mise en scène souhaitait nous faire ressentir les mêmes émotions qu’elle. Et pour ne rien arranger, les dialogues sont aussi plats que la campagne meusienne, et les monologues-résumés que Lara vous infligera au feu de camp sont du même acabit, réussissant le pari d’être plus insupportables que les tirades de Legolas.

Un travail artistique à couper le souffle…

Fort heureusement, Rise of the Tomb Raider ne saurait pas se résumer qu’à son seul scenario. Graphiquement, la version PC atteint le top des standards visuels des jeux actuels pour peu que l’on possède une bonne configuration. D’ailleurs, il est intéressant de noter qu’une config’ de gamme moyenne suffit amplement pour profiter d’un très bon rendu visuel sur PC (cf. la configuration de test en haut de cet article), ce qui rassurera sûrement les joueurs qui avaient peur de devoir changer de carte graphique pour profiter pleinement de ce nouvel épisode des aventures de Lara.

Du côté de l’animation, Crystal Dynamics a encore fait de l’excellent travail, que ce soit au niveau des décors qui bluffent par leur naturel et par la présence d’éléments d’ambiance tels que le brouillard, la poussière en suspension ou encore la vapeur d’eau qui font tout le sel du level-design. Les personnages sont d’ailleurs le point le plus flagrant pouvant témoigner de l’extrême méticulosité des développeurs. Qu’il s’agisse de Lara dans toute sa panoplie de mouvements ou même des animaux et des PNJ, l’animation corporelle des personnages est tout bonnement étonnante de précision et de réalisme. Cela se remarque plus particulièrement lorsque Lara se faufile à travers des fissures ou quand celle-ci passe à travers de fines ouvertures nécessitant beaucoup d’agilité. Seule une ombre au tableau subsiste au niveau de l’animation : les visages. Assez inégale au fil du jeu, la qualité d’animation des visages est tantôt bluffante, tantôt fade. Je pense notamment à certains moments du jeu où Lara se met en colère et durant lesquels celle-ci peine à convaincre le joueur de ses émotions. Mais il s’agit là d’un détail, insuffisant pour empêcher de rendre honneur au travail remarquable des développeurs à ce sujet.

Les musiques et autres sons d’ambiance de Rise of the Tomb Raider, quant à eux, réussissent à plonger le joueur dans les environnements visités. Qu’il s’agisse du bruit du vent qui s’adapte en fonction de la puissance de celui-ci, des petits crépitements rassurants du feu de camp sur fond de blizzard, des cliquetis de l’eau brisant le silence d’une caverne, ou encore des musiques rythmant une action effrénée, on ne peut que conseiller l’usage d’un bon casque ou d’un matériel audio de bonne qualité pour profiter au maximum de cet environnement sonore très travaillé. Bien qu’évidemment, des périphériques audio de qualité moyenne suffisent toutefois à rendre compte du travail effectué à ce sujet.

…mais des sous-titres et une traduction parfois bâclés

S’il n’y a rien à dire au niveau de la VF de Rise of the Tomb Raider qui est plutôt de bonne facture, on ne peut pas en dire autant de l’équipe en charge des sous-titres qui a manié la langue française avec autant de finesse qu’un pachyderme vous opérant de l’appendicite. En une période où la réforme de la langue française fait débat, on ne pourra que saigner des yeux au vu des infâmes fautes d’orthographes présentes à une fréquence rarement vue dans un jeu AAA. Si les coquilles existent depuis longtemps et existeront toujours tant que l’Homme est Homme, il n’est pas ici question de coquille mais bel et bien de travail bâclé ou de négligence volontaire envers une option qui est pourtant diablement importante quand il s’agit de permettre à des joueurs sourds ou malentendants de profiter d’un jeu vidéo. C’est dommage, car les sous-titres de Rise of the Tomb Raider partaient visiblement d’une très bonne intention, ceux-ci étant disponibles en deux versions : standard (de couleur blanche) et avec une couleur par personnage (pour indiquer les différences de voix aux joueurs incapables de les entendre distinctement). Du coup, on a du mal à comprendre ce grand écart entre la bonne intention et le manque de rigueur. Ce sera peut-être un détail pour la plupart des joueurs qui se contenteront de suivre le jeu avec les voix seules, mais si on pense à nos petits camarades sourds et malentendants, ou à ceux qui jouent en environnements parfois bruyants (jeunes papas, bonjour), on ne peut considérer les sous-titres comme anecdotiques.

Je relativise toutefois avec le fait que ce test a été effectué avec une version du jeu day-one, datant d’avant la sortie du dernier patch qui sera disponible au moment où vous lirez ces lignes. Peut-être Square Enix en profitera-t-il pour secouer le pommier des responsables de la traduction française des sous-titres, et que le patch corrigera le nombre de fautes présentes dans le jeu.

Voici 3 exemples que j’ai réussi de justesse à attraper au vol, réaliser une capture d’écran sur le moment étant difficile lorsque l’on joue avec une manette et le clavier éloigné de ses mains :

Tomb Mountain Raider

Malgré tout, dans Rise of the Tomb Raider, Lara nous emmène au beau milieu de décors magnifiques où explorations verticale et horizontale cohabitent à merveille. Une nouveauté nous encourage d’ailleurs à tout fouiller dans les moindres recoins, et il s’agit de l’amélioration du niveau linguistique de notre jeune archéologue. Il est possible, en effet, d’améliorer son niveau en grec, en russe ainsi qu’en mongol via la découverte de reliques et de fresques afin de vous permettre notamment de lire des inscriptions figurant sur des monuments vous indiquant la position d’éléments de crafting ou la localisation de caches d’or. Et c’est d’ailleurs l’or qui vous motivera à améliorer vos compétences en langues, étant donné que celui-ci est très rare et constitue la seule monnaie d’échange vous permettant de débloquer certaines armes, tenues, ou encore améliorations d’armes tels que la visée laser pour les armes automatiques et le silencieux pour vos armes de poing. Malheureusement, il est dommage qu’un concept aussi intéressant n’ait pas été plus exploité au sein de quêtes secondaires, par exemple, ou afin de résoudre des énigmes.

On regrettera aussi que l’exploration fasse encore la part belle aux environnements extérieurs, négligeant quelque peu les tombeaux et les cryptes… ce qui est un étonnant pour un jeu portant le nom qu’on lui connait. La grande majorité des tombeaux ne vous offriront en effet aucune résistance, que ce soit au niveau des énigmes ou de l’exploration, et seule quelques-uns vous creuseront les méninges pendant 5 ou 10 minutes, le temps de découvrir la logique de tel ou tel mécanisme. Quant aux cryptes, celles-ci sont encore plus rapides à parcourir et se visiteront souvent en quelques minutes seulement… Indiquées sur la carte, il vous est ainsi extrêmement aisé de récupérer les trésors qu’elles renferment, de quoi frustrer plus d’un amateur d’énigmes tordues aimant mériter son salaire. Notons également l’absence d’ennemis à l’intérieur des tombeaux et des cryptes, ce qui en rajoute à la promenade de santé qu’elle représentent.

Plus généralement, la difficulté n’est pas particulièrement notable dans Rise of the Tomb Raider. Le gameplay étant majoritairement centré autour de l’exploration, il vous suffira souvent d’être rapide en appuyant sur le bon bouton au bon moment afin de passer les trois quarts du jeu sans problème, peu importe le niveau de difficulté. Le réel challenge provient des combats, certains gunfights étant plus ardus que d’autres. Mais là encore, il y a matière à critiquer. De manière générale, les combats sont assez polyvalents dans leur approche, et certains vous offrent ainsi la possibilité d’agir de manière discrète en assassinant vos ennemis en silence pour éviter tout conflit ouvert. Cependant, quand on en vient au conflit ouvert, une bonne partie de la difficulté provient soit de l’IA omnipotente (une fois repéré, impossible de vous cacher, les gardes vous suivront à la trace même à travers les murs), soit de la maniabilité de Lara qui se dégrade dans ce genre de situation (la mise à couvert n’est pas toujours aisée et les esquives sont peu efficaces), soit des ennemis qui n’ont visiblement peur de rien et avancent comme des tanks sans vraiment se soucier que vous puissiez les arroser à feu nourri. Quant à la faune locale, les redoutables ours et autres félins sauvages – constituant de mortelles menaces en début de jeu – vous paraîtront rapidement inoffensifs après avoir pris l’habitude d’alterner périodiquement entre flèches empoisonnées et flèches standard, tout en s’acharnant sur le bouton d’esquive en cas de pépin. Et je ne parle pas des plus impatients qui iront directement chasser au fusil à pompe ou au lance-grenades lorsque ces armes leur seront accessibles.

Cette difficulté assez faible pèse quelque peu dans la balance de la durée de vie du jeu solo de Rise of the Tomb Raider. En un premier run, comprenant la fin de l’histoire, la visite de tous les tombeaux/cryptes, et le ramassage de deux tiers des objets à récupérer, le jeu a pu être terminé en 26 heures en difficulté normale lors de ce test. En augmentant la difficulté à fond et en finissant le jeu à 100%, comptez environ 35 – 40h heures maximum pour plier le mode solo dans sa totalité (sans prendre en compte les DLC qui n’ont pas été testés par votre humble serviteur).

Un mode expédition qui n’entrera pas les annales

Grande nouveauté de Rise of the Tomb Raider, le mode expédition vous propose plusieurs modes de jeu en dehors du scenario principal. Ainsi, vous aurez le choix entre les modes suivants :

  • « La résistance des rescapés », consistant en des missions vous parachutant dans une zone du jeu et vous demandant de remplir des missions génériques (capture d’informations, chasse à l’ours, …) que vous pourrez aussi configurer vous-mêmes si le cœur vous en dit.
  • « Attaque de score », qui se résume tout simplement à plier un niveau le plus vite possible afin de débloquer des médailles.
  • « Rejouer le chapitre », qui vous permet de… rejouer un chapitre, comme son nom l’indique, avec les défis à remplir qui y sont associés.
  • « Rejouer le chapitre (Élite) », qui consiste en la même chose que le mode ci-dessus, mais avec les compétences et l’équipement de Lara améliorés.

Tous ces modes vous permettront également de gagner des crédits, une monnaie virtuelle qui vous permettra d’acheter des packs de cartes. Les cartes en question peuvent ainsi vous offrir de nouvelles tenues, armes ou bonus/malus – à appliquer en mode expédition seulement. Les bonus/malus auront d’ailleurs pour effet d’influer sur les gains en fin de mission. A noter qu’il est également possible d’acheter certains packs de cartes avec du véritable argent, même si l’intérêt de payer pour accélérer la progression dans ce genre de mode de jeu est assez discutable. Dans tous les cas, rien ne vous oblige à payer, et les crédits couleront déjà à flot au fur et à mesure de votre progression au sein du mode histoire, ce qui vous permettra de vous faire rapidement une idée au sujet de l’intérêt du système de cartes, celles-ci étant ensuite activables dans le menu des missions, ou revendables en échange de crédits.

LES TOPS

LES FLOPS

  • 👍 L’extrême beauté du jeu.
  • 👍 Le gameplay, toujours aussi efficace.
  • 👍 Le crafting des armes et des tenues.
  • 👍 L’exploration en environnement extérieur.
  • 👎 Les sous-titres FR bâclés.
  • 👎 Le manque de réelles innovations.
  • 👎 Le scenario qui peine à surprendre.
  • 👎 Le peu de challenge offert en dehors des combats.