Découvrez notre test d’Unravel, le jeu qui ne vous mettra clairement pas les nerfs en pelote
Fiche Technique
- Support : PlayStation 4, Xbox One, PC
- Développeur : Coldwood Interactive
- Éditeur : Electronic Arts
- Type : Plate-formes/Puzzle
- Date de sortie : 09 février 2016
- Test effectué à partir d’une version PS4 fournie par l’éditeur
Présenté de manière tremblotante sur la scène de l’E3 2015 pendant la conférence d’Electronic Arts, Unravel avait suscité la curiosité. On avait déjà senti alors que ce titre déborderait de bons sentiments, tant en se basant sur le trailer et les images de gameplay que sur les propos du développeur sur l’estrade. C’est 8 mois plus tard que la création du studio suédois Coldwood Interactive fait son arrivée dans nos chaumières et il temps de nous demander si un jeu peut vraiment vivre d’amour et d’eau fraiche. C’est ce que l’on vous propose de découvrir dans notre test d’Unravel. Prenez un bon petit lait chaud et une couverture douillette, on est partis !
De fil en aiguille
Unravel vous propose d’incarner l’un des objets les plus mignons de l’univers : une peluche. Vous voici en effet dans la peau laineuse de Yarny, un petit être fait de fils rouges. C’est après qu’une gentille petite mamie ait fait tomber, sans s’en rendre compte, une pelote de laine de son panier à tricot que notre singulier héros a fait son apparition au bout de cette pelote. On ne va pas vous mentir, tout ça est assez vague et c’est sans doute un point où Unravel a perdu une occasion de prolonger la magie de son univers. Le scénario, ou tout du moins le contexte, de notre aventure est somme toute plutôt accessoire. Pour résumer, Yarny va parcourir les photos de famille de la grand-mère à la recherche de souvenirs pour compléter un album-photo. Ce semblant d’histoire n’a aucune prise, aucun impact réel sur vos émotions, les personnages autres que Yarny n’apparaissant que fugacement, on ne peut réellement s’y attacher et par là même, être investi dans la recherche des souvenirs. C’est donc la petite peluche qui va concentrer sur elle tout l’attention et ce n’est pas vraiment une mauvaise chose car elle a de la tendresse à revendre.
Malgré le fait que ce mignon bout de ficelle ne pipe mot, il arrive à se rendre attachant grâce à ses animations qui nous le rendrait presque humain. Il grelote, il semble s’émerveiller parfois de ce qu’il voit et il fait preuve de tendresse envers les petits bouts de laine qu’il récupère à la fin de chaque niveau. Si Yarny arrive à faire transpirer autant d’humanité c’est tout d’abord grâce à la beauté de ce Unravel. C’est la première chose qui vous frappera en découvrant le jeu. Et si les animations sont tout bonnement réalistes, vous vous arrêterez également souvent dans votre progression pour contempler la magnificence des décors, les graphismes étant réellement de haute volée. Comme vous êtes de petite taille (vous incarnez une peluche, on le rappelle), vous n’êtes pas l’échelle du monde qui vous entoure et, à l’instar du film « Chérie, j’ai rétréci les gosses », vous devez composer avec des objets plus grands que vous. L’interaction avec les différents environnements a là aussi été très soignée, et il est jouissif de voir comment Yarny peut se dépatouiller avec, par exemple, une grosse carcasse de voiture qui lui bloque la route. Cette sensation de petitesse contribue également à nous donner l’envie d’enlacer cette petite peluche pour l’emmener vers des horizons plus cléments.
Si visuellement Unravel en impose incontestablement, on ne doit pas oublier quand même de parler de l’ambiance sonore. Une expérience qui se veut poétique se doit d’avoir une bande son en harmonie avec les images. Sur ce point, le titre rend une copie correcte, sans plus. En effet, les musiques sont certes de bonne qualité et s’adaptent bien au rythme de l’action mais aucune d’entre elles n’apporte vraiment à l’onirisme ambiant. Les morceaux sont même plutôt discrets, génériques et pas assez prégnants. C’est un peu dommage, il y avait sans doute la place de faire mieux, même si on le redit, la bande son reste agréable à l’oreille.
Mon fil, ma bataille
Bon c’est bien beau tout ça (c’est le cas de le dire), mais pour faire un bon jeu, il ne s’agit pas simplement de ne faire qu’un univers impeccable. Il faut également que le gameplay tienne la route. Unravel est donc un mix entre le puzzle game et le plateformer. Il vous demandera de faire traverser à Yarny des zones jonchées d’embûches qu’il vous faudra franchir à l’aide de votre bout de ficelle. Notre peluche adorée a en effet la capacité de lancer un bout de corde, tel un lasso, pour s’agripper à différents points prédéfinis du décor. Cette capacité lui permettra ainsi de grimper ou descendre en rappel, de se balancer voire même dans certain cas de créer un trampoline en attachant sa ficelle à deux points proches l’un de l’autre. Vous pourrez enfin vous en servir pour tirer des objets. Cette panoplie d’action vous permettra d’avancer en dépit des obstacles sur votre voie.
Le gameplay est donc simple, efficace et très intuitif. Intuitif notamment car votre corde sera naturellement aspirée vers le point le plus proche, pas besoin de viser. Ainsi, vous maitriserez rapidement les capacités de Yarny et vous arriverez toujours à les mettre à profit. Il est quasiment impossible d’en arriver à pester sur les contrôles tant tout se fait avec aisance. Et c’est peut-être bien là le vrai reproche que certains pourront faire à Unravel, sa trop grande simplicité.
Qu’il s’agisse de l’aspect plateforme ou puzzle, la difficulté ne sera que très (trop ?) rarement au rendez-vous. Les phases de plateforme qui demandent dextérité, timing et précision sont réduites à leur portion congrue. À vrai dire, il n’y aucune véritable épreuve qui vous poussera dans vos derniers retranchements, même pour les plus réfractaires aux plateformer. La partie puzzle est également simple, on ne se casse jamais la tête trop longtemps pour savoir ce qu’il faut faire pour continuer à avancer. Par exemple, l’une des particularités de gameplay inspirée par la nature filaire de Yarny consiste à faire en sorte que la bobine dont il est issu n’est pas infinie. Il doit constamment faire des recharges sur le chemin pour continuer à avancer. S’il ne le fait pas, il finira à court de fil, et se retrouvera dans l’impossibilité d’avancer. Hé bien c’est clairement un point qui aurait mérité d’être mis plus en avant. Il sera extrêmement rare de se retrouver à sec à cause d’une mauvaise gestion de la longueur de la bobine. On aurait aimé voir des passages nous demandant une extrême rigueur dans ce domaine, mais il n’en est malheureusement rien. Il faudra vraiment le faire exprès pour se retrouver coincé et devoir revenir sur ses pas pour gagner des précieux centimètres de laine rouge.
Cette facilité est sans doute une question de choix des développeurs qui ont dû vouloir privilégier la fluidité de l’aventure. Si ce point de vue se défend, et peut même trouver une certaine cohérence à la vue de l’univers d’Unravel, nul doute que ceux qui aiment faire rimer plateformer/puzzle avec réflexion intense risquent d’être grandement déçus.
C’est à la fin de la pelote que l’on fait le bilan
Au final Unravel assume pleinement ses ambitions : faire un jeu qui fleure bon la poésie. Le jeu déborde de bons sentiments du début (avec un message tout mignon des développeurs) à la fin (avec des crédits choupinets). En poussant ce crédo jusqu’à son paroxysme, Coldwood Interactive en oublie cependant la base du plateformer/puzzle : la difficulté. Du coup l’expérience ne sera pas de très longue durée, comptez environ 10 heures pour boucler le petit nombre de niveaux, seulement 11 tableaux étant au programme. Si vous êtes chasseur de trophées, vous pourrez reparcourir les niveaux à la recherche des secrets cachés, prolongeant ainsi la durée de vie du titre. Malgré ce défaut, le côté poétique de l’œuvre est une réussite totale et justifie à lui seul de passer un moment privilégié avec la petite peluche Yarny. Si vous êtes fan d’onirisme et de « mignonnerie » plus que de hardcore gaming alors vous apprécierez Unravel à sa juste valeur, surtout avec ce prix très raisonnable de 19,99€. En revanche, si la poésie vous laisse de marbre ou pire vous donne envie de vomir, il vaudra probablement mieux passer votre chemin. La question du début de ce test était : un jeu peut-il vivre d’amour et d’eau fraiche ? La réponse est oui… mais seulement entre les mains de ceux qui se contentent d’amour et d’eau fraîche. Logique, n’est-ce pas ?
LES TOPS |
LES FLOPS |
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