Découvrez notre test de Arslan The Warriors of Legend, un beat’em all pas comme les autres… enfin, tout de même un peu comme les autres.
Fiche Technique
- Support: PlayStation 4, Xbox One, PC
- Test effectué sur PlayStation 4 d’après une version fournie par l’éditeur
- Éditeur: Koei Tecmo
- Développeur: Omega Force
- Type: Beat’em All
- Date de sortie :12 février 2016
Koei fait pleuvoir les beat’em all depuis le début du 21ème siècle, la série Dynasty Warriors en première ligne sur les consoles de salon made in Sony. Malheureusement, le manque de nouveautés dans son gameplay et la redondance de ses intrigues a plongé la licence vers la chute, en témoignent les ventes en demi-teinte de Dynasty Warriors 8. Forcé à élargir sa palette, le studio s’est lancé, à l’aide de ses fidèles acolytes d’Omega Force, dans le développement de diverses adaptations mangas des temps modernes dont l’excellent The Heroic Legend of Arslân. Dessiné par la célèbre mangaka Hiromu Arakawa (Fullmetal Alchemist, Silver Spoon), il constitue en vérité lui-même une œuvre reprenant (une nouvelle fois) Les Chroniques d’Arslân du romancier Yoshiki Tanaka.
En découle ce titre édité par Koei Tecmo sur PlayStation 4, Xbox One et PC, Arslan The Warriors of Legend. De par son contexte historique, certes fictif, il s’inscrit clairement dans la continuité d’un Dynasty Warriors et cela se retrouvera dans le gameplay. La question sera donc de savoir s’ils ont profité d’un nouvel univers pour renouveler le genre du beat’em all afin de placer les chroniques d’Arslan dans le paysage du jeu vidéo dans la durée.
Un scénario entre fond historique et fiction
Koei Tecmo a pris l’habitude (avec DW notamment) de s’appuyer sur un fond historique pour aménager les champs de bataille de ses beat’em all. Ici, l’histoire se repose sur une fiction médiévale dans laquelle nous retrouverons deux camps en conflit. Du côté Est de la carte se dresse le royaume de Parse en guerre contre Lusitania à l’Ouest. Tout comme dans le manga, le manichéisme fait vite son apparition, mais sera rapidement balayé au rythme des événements.
Ce qui demeure agréable, c’est cette sensation que l’œuvre se dit fictive bien qu’en s’inspirant des coutumes de l’ère médiévale orientale, et tout en portant les idéaux de son auteur. Notre jeune héros Arslan est un prince Pars, dans une contrée polythéiste où l’esclavage est omniprésent. En face, l’armée lusitanienne vénère son Dieu Yaldabath et compte bien étendre son territoire avec la foi inébranlable d’un peuple dictée par la volonté divine.
Forcément, les tensions règnent et Andragoras III, roi de Parse, subira une grosse déconvenue malgré la confiance portée en sa cavalerie. C’est à ce moment que démarre réellement l’intrigue puisque cette défaite provoquera de grandes conséquences sur l’avenir de chaque personnage principal et fera naître des rivalités pour l’accession au trône.
La trame du scénario peut paraître cliché mais elle prend de l’ampleur au fur et à mesure que les chapitres se succèdent. D’ailleurs, le studio a choisi d’offrir pléiade de scènes cinématiques pour expliquer les enjeux par le biais de conversations entre les différents camps. Certaines séquences d’action sont employées en guise d’introduction ou de conclusion à vos phases de combat, ce qui rend le rythme efficacement cadencé.
Pour complexifier le tout, de nouveaux acteurs intègrent les luttes, et les alliances se noueront aussi vite qu’elles se briseront. Tout ne sera pas simple à comprendre et encore moins si vous n’êtes pas familiers avec l’anglais, car le jeu n’est pas localisé dans la langue de Molière. Néanmoins, nous comprenons aisément les enjeux et sommes tenus en haleine par les mystères qui entourent Masque d’Argent et l’évolution du héros.
- [Vidéo] Première rencontre Arslan x Masque d’Argent [Risque de Spoil]
Une trame portée par des héros grandioses
Grandiose, Arslan ne l’est pas dès les premières heures de jeu. Il a été couvé depuis son enfance et ne connaît pas la réalité de ce monde. Il est conditionné pour raisonner d’une façon assez simpliste, pour penser que son camp fait partie des gentils qui agissent de manière juste et qu’il n’existe pas plus cruel qu’un Lusitanien sur la planète. Les événements lui font ouvrir les yeux et son questionnement sur le monde posera ses premières griffes lorsqu’un prisonnier lusitanien le kidnappe. Le réel électrochoc est lancé quand il quitte le cocon familial à l’issue de la première bataille et devra lancer la contre-offensive.
A partir de ce moment, son personnage connaît une réelle évolution et gagne en maturité, ce qui est bénéfique au titre de Koei Tecmo puisqu’il nous place la plupart du temps aux côtés d’Arslan. Ainsi, il se rend compte de la réalité de la guerre et des attentes autour de lui, répondant présent suite aux responsabilités qui lui sont données. Sa naïveté disparaît petit à petit et le tout est parfaitement mis en scène par les scènes du jeu. Il refuse de se laisser couver une nouvelle fois et participe aux batailles, conscient qu’un grand enjeu lévite autour de sa tête, sa légitimité à occuper le trône pour le bien du peuple de Pars.
Afin de venir à bout de sa quête, il sera secondé par des personnages tout aussi travaillés. Comme dans tous les beat’em all proposés par Koei, chaque guerrier s’appuie sur ses propres techniques de combat. Difficile de se distinguer des solides bases de Dynasty Warriors, mais les studios ont réussi à intégrer des spécificités bien particulières au gameplay du jeu.
Le gameplay, entre « déjà vu » et nouveautés
Affirmer que le titre ne constitue qu’une réplique d’un Dynasty Warriors dans le gameplay s’apparenterait à un mensonge. Mais ce serait tout aussi faux de souligner qu’il s’en distingue de multiples manières.
La plus grande nouveauté réside dans les Mardân Rush, des attaques par régiment de soldats ou d’archers, qui provoquent des dégâts considérables à l’ennemi. L’opportunité de les utiliser ne s’invite dans la partie qu’à des moments précis, pour défoncer des portes ou détruire des catapultes et ouvrir de nouveaux chemins. Deux ressentis bien différents découlent de son utilisation. Le premier demeure attrayant puisqu’il demeure plutôt agréable de diriger le mouvement de toute une unité de soldats qui dégomme tout sur son passage, ou la direction des flèches propulsées sur l’ennemi autant meurtrières. Le petit bémol concerne la cinématique qui est activée à la fin de votre Mardân Rush, celle-ci est toujours représentée de la même façon. Seul le guerrier qui l’active diffère à l’image, sinon il s’agit du même mouvement, des mêmes effets interactifs avec l’environnement, en soit des mêmes images. Mais il reste important de préciser que la redondance de sa mise en scène ne change en rien à sa bonne inspiration.
Autre chose, un beat’em all nécessite de grands champs de bataille et on reconnaît facilement la patte de Koei Tecmo. Elle s’exprime autant par les objectifs à remplir et parfois sous forme de contre-la-montre, par la map à l’écran (la même que dans tous les jeux du genre) et par des soldats qui ne se dotent pas d’une Intelligence Artificielle élaborée. On notera également que les studios ont pensé à adapter la fil conducteur du scénario avec quelques changements dans les combats suggérés. Des changements mineurs tout de même. Seul le format des affrontements changera. Ainsi, outre les batailles contre des milliers d’ennemis, on est amené à combattre en 1 contre 1. Bien que l’intention soit louable de présenter un minimum de variété, le gameplay demeure le même. Le but sera donc de vider la jauge du boss en enchaînant les frappes avec notre arme, tout en pensant à esquiver ses offensives. En niveau Normal, la tâche ne sera pas compliquée. Il suffira de se déplacer derrière lui pendant qu’il charge son coup puissant, ce qui est relativement facile. On aurait vu d’un bon œil l’insertion de phases de QTE qui aideraient à améliorer l’immersion dans les moments épiques de l’histoire.
À part cela, on retrouve les mécaniques de gameplay disponibles dans les précédents beat’em all tels que les One Piece Pirate Warriors. Une jauge de vie s’accompagnant de la barre de Musou qui se remplit en frappant les ennemis. Les coups portés à l’ennemi s’effectuent avec la touche Carré (sur PS) ou X (sur Xbox) et la touche Triangle ou Y permettra de varier les combos. La touche Cercle ou B active la jauge de Musou et vide toute une portion de celle-ci. Attention, chaque personnage possède une capacité spéciale avec la petite gâchette supérieure. Chez Elam, elle pourra se montrer très utile pour faire un saut de 2 mètres et favoriser quelques phases d’infiltration. À ce niveau, Koei Tecmo s’est globalement reposé sur ses acquis.
Il en va de même pour les techniques de combat de chaque personnage. Plusieurs profils sont de la partie avec les archers d’un côté (Elam, Gieve et Farangis) les épéistes (Arslan, Alfarid) de l’autre ou encore les lanciers comme Daryun. Un personnage pourra accumuler les armes et c’est ainsi que vous pourrez facilement osciller entre deux voire trois armes selon les situations. Daryun, une valeur sûre dans la réussite de vos objectifs, rappellera peut-être à certains les héros de Dynasty Warriors mais d’autres s’en démarquent clairement. Par contre, même si Elam et Farangis intègrent la même classe de combattant, ils emploient leurs arcs bien différemment. Le remarquer reste important puisque malgré ses jolies courbes, la jeune demoiselle ne rend pas les choses faciles et s’appuie sur un gameplay plus exigeant au premier abord. La prise en main de Jaswant montre une once de folie quand celle de Narsus exprime sa fluidité et une (trop) grande facilité à se débarrasser de l’ennemi avec son pinceau. Ce grand stratège, très plaisant à contrôler, représente réellement un vent de fraîcheur dans ce à quoi les studios nous ont habitué, et cela fera plaisir aux amoureux du beat’em all en quête de nouveautés dans les techniques de combat.
Les caractéristiques des personnages pourront être boostées. Les armes tout comme votre guerrier grimperont en niveau à force d’enchaîner les batailles. Des batailles qui pourront être rejouées dans le traditionnel Free Mode (Mode Libre) avec n’importe quel personnage. Par contre, les développeurs ne se sont pas vraiment foulés pour déterminer « l’arbre de compétences » – si on peut l’appeler comme ceci. Il ne s’agit en fait que d’un gain de combo pour chaque pic de level (il en existe 4) atteint par l’utilisation de votre arme, rien de bien folichon pour la plupart. Celui du « Paintbrush » de Narsus présente néanmoins des spécificités sympathiques.
Une particularité vient s’ajouter aux options d’Arslan The Warriors of Legend, il s’agit d’un système de cartes qui permettra de faire grimper vos statistiques. Elles se ramassent après avoir vaincu des ennemis importants, d’où l’importance de nettoyer toute la map si vous souhaitez collectionner toutes les cartes. Il nous est ainsi proposé d’équiper ces cartes techniques à chaque personnage mais elles ont un coût qui ne devra pas dépasser votre plafond. Les limites de ce plafond seront revues à la hausse lorsque votre niveau augmentera. Encore mieux, vous pouvez synthétiser un maximum de 8 cartes (classées de S pour les meilleures à C pour les plus faibles) afin d’obtenir des cartes rares. Par exemple, en sacrifiant 8 cartes C, on a pu obtenir une carte de rang A. Aussi, en posant 6 cartes de rang A et 2 cartes de rang B dans la marmite, la recette nous a rendu une carte de rang S. On vous laisse deviner ce que vous obtiendrez en sacrifiant 8 cartes de rang S…
Enfin, cueillir des « Recipes » (Recettes) permet d’utiliser vos talents de Chef afin d’attribuer aux personnages un boost par bataille, mais ça reste léger comme cuisine…
Des défauts toujours pas gommés
Outre l’absence de localisation française qui déplaira à certains, certaines lacunes que l’on trouvait déjà dans les précédentes productions de Koei Tecmo refont leur apparition. Avant tout, à moins que vous choisissiez de combattre au niveau le plus élevé, l’avancée dans la bataille sera une promenade de santé. Souvent, l’IA est à la traîne et n’offre pas de grande opposition. Elle est souvent passive, et il en résulte l’impression qu’elle n’attend qu’une chose : que vous lui rentriez dedans. Par contre, une fois que le niveau grimpe (attendez tout de même d’avoir boosté vos attributs avant d’élever la difficulté à l’extrême), un réel challenge se présente. Ils attaquent plus régulièrement, on subit plus de dégâts, et forcément on en inflige beaucoup moins. Mais l’entre-deux que constitue le niveau difficile reste mal dosée.
L’aspect technique montre également toutes ses limites durant les batailles. Outre la scène figée du Mardân Rush durant la cinématique, d’autres détails illustrent la difficulté dont fait preuve Koei à rendre une copie parfaite. Ainsi, dans les détails les moins dérangeants, on citera l’impossibilité de descendre une marche du côté latéral, ce qui nous force à sauter si nous voulons nous détourner du chemin. En parlant de saut, celui des chevaux en devient presque hilarant. A l’inverse de la réalité, notre cheval éprouvera toutes les peines à sauter en longueur mais atteindra une hauteur incroyable, à se demander si des ressorts ne sont pas cachés sous ses sabots. On peut rebondir sur la mauvaise utilisation d’un autre animal, celle de l’éléphant. L’idée d’intégrer les éléphants de guerre sur les champs de bataille demeure excellente mais son exploitation l’est beaucoup moins. L’ennemi se trouve au sommet de l’éléphant mais à peine touché, le mammifère se couche sur son ventre et disparaît. On aurait apprécié devoir faire face à un rush d’éléphants ennemis mais que nenni… Il est aussi impossible de prendre le contrôle de ces éléphants, ce qui aurait pu être amusant.
Enfin, même si les dessins des personnages sont soignés, fidèles à l’animation de la série, les décors durant les sessions de jeu ne sont pas réellement extraordinaires. Néanmoins, le style de conception qui s’est adapté à l’univers manga rend le tout quelque peu suffisant. On ne retrouve pas les graphismes PlayStation 2 des précédents Dynasty Warriors même si certains éléments ne sont pas franchement dignes des capacités qu’on attribue aux consoles de l’actuelle génération. On pense à certains barrages mais aussi aux flammes et aux simples composants du décor qui, sans être forcément ridicules, auraient peut-être mérité plus de travail.
On regrettera l’absence d’un mode de jeu complémentaire au mode Histoire et au mode Libre. On retrouve le mode Online qui permet de se lancer en mode coopératif avec d’autres joueurs. Seulement nous aurions apprécié un mode Survival ou un mode Défi, quelque chose en plus à se mettre sous la dent. Puisqu’en dehors de ces trois modes de jeu, nous ne pouvons nous lancer que dans la Galerie et l’Encyclopédie, deux fonctionnalités très complètes. On retrouve dans la première le recensement de tous les personnages avec leurs statistiques et bilans, ainsi que leurs représentations. On y retrouve aussi nos performances de bataille qui ne s’affichent pas pendant le mode Histoire puisque celui-ci raconte l’épopée d’Arslan sans s’arrêter (et c’est tant mieux). Cette galerie recense aussi toutes les « Skill Cards » (et on en trouve énormément), toutes les cinématiques et quelques fonds d’écran pour chaque personnage. L’Encyclopédie narre tous les événements et le vécu de chaque personnage, ce qui demeure utile si vous n’avez pas encore tout saisi.
Un bon beat’em all ?
Au final, les grands fans de beat’em all trouveront du plaisir à se lancer dans l’univers d’Arslan puisqu’ils y trouveront une nouvelle intrigue et des champs de batailles à conquérir. Malgré quelques aspects innovants, le gameplay n’est pas franchement révolutionnaire et on aurait apprécié une meilleure réalisation technique dans bien des domaines. Ce qui demeure agréable réside dans l’élaboration des personnages avec un réel charisme, une évolution selon le déroulement des événements.
On attend la suite du titre, à condition que Koei Tecmo intègre davantage de fonctionnalités inédites, ajoute quelques modes de jeu bonus, et maintienne ce niveau de retranscription des événements de la guerre entre Parse et Lusitania.
LES TOPS |
LES FLOPS |
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