[TEST] Fire Emblem Fates : Héritage & Conquête

Fire Emblem Fates, le jeu de stratégie et de simulation d’arbre généalogique, se dévoile enfin sous nos petites mimines européennes après la longue attente ayant suivie les sorties japonaise et nord-américaine.

  • Support de test : Nintendo 3DS XL
  • Version du jeu testée : version commerciale française fournie par Nintendo France
  • Développeur : Intelligent Systems
  • Éditeur : Nintendo
  • Type : jeu de rôle/stratégie/gestion
  • Date de sortie française : 20 mai 2016

Venons-en au Fates

Fire Emblem Fates (voir notre preview du 14 avril) nous place dans la peau d’un héros qu’il est possible de customiser et qui doit choisir de soutenir l’une des deux familles royales qui se déchirent sur fond de guerre totale. Frère ou sœur adoptif pour les uns, frère ou sœur de sang pour les autres, les versions Conquête et Héritage du jeu nous mettent face à un choix cornélien en nous forçant à prendre parti pour décider du déroulement des hostilités ainsi que de vos relations avec chacun des membres et alliés des deux familles.

A l’instar d’Awakening – l’opus précédent – Fates nous permet de recruter des alliés de manière automatique ou via des conditions à remplir, pour ensuite les faire combattre côte à côte dans le but d’augmenter leurs relations et ainsi améliorer leurs performances mais aussi obtenir des dialogues spécifiques. Cette jauge relationnelle, étalée sur trois ou quatre niveaux (C, B, A, et S pour les relations amoureuses) permet également de créer des couples au sein de votre armée afin de recruter leurs enfants par la suite. Le jeu ne vous demandera évidemment pas de sortir les bébés du berceau pour leur faire affronter une horde de Wyvern, le scénario usant de pirouettes plus ou moins crédibles pour justifier leur passage rapide à l’âge adulte.

A noter que l’univers de Fire Emblem Fates n’est pas le même que celui des opus précédents qui se situent dans la même ligne temporelle à des époques différentes. Fates se déroule en effet dans un monde parallèle, indépendant de celui qui a vu évoluer Marth, Chrom ou encore Ike. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura aucun contact avec d’anciens personnages, la fonction amiibo étant disponible avec les figurines de Ike, Lucina, Marth et Robin (le héros customisable d’Awakening) afin d’ajouter ceux-ci à votre armée.

Intelligent Systems, le studio qui porte bien son nom

Face à Fire Emblem Fates, peu importe la version, le constat est sans appel : nous sommes face à un signe héritier de la saga, qui nous transporte efficacement dans un monde fantastique par le biais d’une bande-son riche et pleine d’identité qui s’adapte à chaque situation, mais aussi via un design général globalement soigné. Le chara-design, magnifique, s’inscrit dans la même lignée que celui de Fire Emblem Awakening, opus de la série qui s’était démarqué visuellement des autres grâce aux traits de Yūsuke Kozaki (également dessinateur pour No More Heroes, ndlr).

Le gameplay, lui, reste toujours aussi solide. Au sein des combats au tour par tour, par exemple, on retrouve la fonction « Duo » qui nous permet de regrouper deux membres de l’escouade pour que ceux-ci puisse se supporter mutuellement tout en bénéficiant de bonus divers (défense, esquive, etc.) au prix d’un gain d’expérience qui ne bénéficiera souvent qu’à l’unité active (sauf en cas d’attaques combinées). Cette fonction, diablement utile, est à utiliser sans aucune modération, celle-ci nous donnant la capacité de faire déplacer des personnages lents en les plaçant avec des unités plus rapides, d’augmenter facilement leur niveau de relation, voire de protéger rapidement l’unité active en permutant les rôles en cas de blessure critique.

De nouvelles classes font aussi leur apparition, à l’instar du samouraï ou du stratège. Si globalement, on retrouve toutes les classes qui ont fait le succès de Fire Emblem et que celles-ci demeurent souvent plus intéressantes que les nouvelles, l’ajout de ces nouvelles possibilités d’évolution demeure néanmoins intéressante. Il est toutefois dommage de voir les unités être bloquées dans un schéma d’évolution souvent basé sur 40 niveaux maximum ou deux fois 20 niveaux (20 en classe basique + 20 en classe avancée via Magister). Contrairement à Fire Emblem Awakening, Fates ne permet pas de remettre à zéro les niveaux de ses personnages à l’infini une fois que ceux-ci ont atteint leurs limites. Certains apprécieront ce qui leur semblera être une difficulté supplémentaire, mais les autres risquent fort d’être déçus de cette perte de flexibilité dans l’évolution des unités.

Autre bonne idée : le choix entre Hoshido et Nohr – les familles respectives de Héritage et Conquête – ne se fait pas sans rien savoir des deux partis si vous faites le choix d’acheter le jeu sur l’eShop. Contrairement aux versions boîtes qui vous dirigeront obligatoirement vers la famille associée, la version dématérialisée est neutre et vous permettra de bien profiter du prologue en six chapitres avant de faire le choix de la voie à télécharger. A ce sujet, même si on peut ne pas être fan des jeux dématérialisés, on ne peut qu’avouer la praticité de la version eShop qui regroupe Conquête et Héritage sur un seul et même jeu (ainsi que Révélations, la troisième voie qui fera également l’objet d’un test un peu plus tard), nous permettant ensuite d’acheter l’autre voie en ne téléchargeant que les fichiers manquants, et de commencer directement une nouvelle partie à la fin du prologue si vous ne souhaitez pas tout reprendre depuis le début. Seul bémol, bien que logique : impossible de monter le niveau de difficulté si vous choisissez de jouer directement à la fin du prologue après l’avoir terminé une fois à un niveau inférieur.

Certaines améliorations ont été Fates

Awakening avait été une petite révolution au moment de sa sortie grâce au système de relations qui se voulait plus clair qu’avant et qui débouchait sur le formidable système de création de couples, permettant ainsi de recruter des enfants issus de l’union de deux unités de la première génération d’alliés. Fire Emblem Fates reprend les mêmes racines que son aîné, tout en se permettant d’enrichir encore plus son gameplay. Si le principe de relation et d’enfants est toujours présent, on apprécie grandement l’ajout d’un château customisable où il est possible de voir ses unités se reposer ou s’occuper en gérant les boutiques et autres infrastructures. Là où Awakening nous permettait de visiter une sorte de grande salle commune qui se remplissait au fil du jeu mais sans nous permettre d’influer sur son évolution, Fates frappe fort en nous donnant les clés d’un énorme château personnalisable. Conquête et Héritage possèdent d’ailleurs chacun trois skins de château différents, vous permettant d’alterner entre les allées ornées de cerisiers blanc, le château à flanc de falaise, ou encore le fort flottant dont les canaux feront la joie des stratèges.

Et de la stratégie, vous pourrez en user en-dehors des combats grâce à cette fonctionnalité, le château vous servant à la fois de repère personnel mais aussi de semi-hub dans lequel il est possible d’inviter d’autres joueurs via Internet, et vice-versa. Aller chez d’autres joueurs vous permettra d’acheter de l’équipement dans leurs boutiques, de participer à certaines activités, ainsi que de récupérer des ressources, mais surtout, de combattre leurs armées. Ceci vous rapportera des points vous permettant par suite d’acheter de nouveaux bâtiments ou améliorations défensives. Le jeu solo vous en rapportera aussi au fur et à mesure de la progression au sein du scénario, mais ces combats annexes ont l’avantage de permettre une gestion du château à votre rythme.

Autre point intéressant, même s’il ne parlera qu’aux fans les plus hardcore : la personnalisation des modèles 3D des personnages. Votre château vous donne la possibilité de récolter un type de minerai et un type de nourriture, chacun étant attribué de façon aléatoire en début de partie. Si la nourriture vous servira principalement à améliorer la puissance d’un certain PNJ défensif (que nous préférons ne pas dévoiler pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte), elle pourra également être utilisée de la même manière que les minerais au sein d’une boutique d’accessoires qu’il vous sera possible de construire. Ces accessoires divers vont du nœud pour cheveux aux grosses épaulières de général et permettent ainsi de modifier l’apparence de vos personnages lorsque ceux-ci apparaissent lors des combats et des cinématiques en temps réel. Cela signifie, par extension, que lesdits accessoires ne seront logiquement pas visibles lors des cinématiques ou des phases de dialogue. Fonctionnalité mineure sur laquelle beaucoup feront l’impasse, mais il ne fait nul doute que certains accrocs à la personnalisation de personnage y trouveront là de quoi y passer quelques heures, surtout si on prend en compte que la récolte des ressources passe obligatoirement par la visite d’autres châteaux et les combats en arène que vous pourrez y trouver.

Malgré ces quelques nouveautés intéressantes, on regrette toutefois une fonctionnalité d’Awakening qui a été perdue en cours de route : la possibilité de bouger son personnage sur une carte pour se rendre sur les lieux de missions principales ou secondaires. A la place, Fates se contente d’un menu déroulant avec une carte en arrière-plan, un choix d’interface beaucoup moins agréable et clairement moins joli que ce que proposait Awakening… Bien que le besoin de se rendre dans des boutiques itinérantes soit devenu inexistant avec la possibilité de créer et d’améliorer ses propres magasins dans l’enceinte du château, on aurait apprécié un menu plus graphique nous permettant de bouger nos personnages vers telle ou telle mission, rencontrant de manière aléatoire des ennemis qui se promèneraient également sur la carte (de la version Héritage, Conquête étant assez particulier à ce sujet, voir ci-dessous).

Autre petite déception, concernant cette fois une fonctionnalité pourtant pleine de promesses : la vue à la troisième personne, qu’il est possible d’activer avec le bouton L lorsque nous sommes dans notre château. Visiblement, la 3DS et ses capacités n’ont pas fini de nous surprendre, et lors de la première découverte de cette vue, on se prend à rêver de se balader dans les ruelles de son fief. Hélas, cette vue se cantonne à un rôle d’observation, et il est uniquement possible d’en profiter de manière statique, en faisant pivoter la caméra autour du personnage… Même si cette fonction demeure anecdotique dans l’ensemble, on espère tout de même revoir celle-ci en version améliorée dans un prochain opus de la saga.

Bienvenue chez les Ch’tits

La question qui revient souvent au sujet de Fire Emblem Fates est celle concernant les différences entre les deux versions. Concrètement, la version Conquête vous permet de suivre la famille royale de Nohr, votre famille adoptive avec laquelle vous avez grandi. Même si les styles des deux familles sont assez différents pour contenter les goûts de chacun à des niveaux différents, nous trouvons que la famille royale de Nohr possède des personnages un peu plus charismatiques. Armures noires rutilantes, contexte plus violent et complexe, immersion dans ce qui semble être le mauvais côté de l’Histoire, … Conquête nous place au sein d’un groupe qui a plusieurs problèmes à gérer en même temps, qu’il s’agisse de la guerre, des plans peu compréhensibles du roi, ou encore de l’affrontement avec la famille d’Hoshido. Cependant, malgré cette difficulté des personnages à savoir se placer sur l’échiquier politique, on ne peut que reconnaître la force qui unit les membres de la famille royale, les frères et sœurs adoptifs du héros/de l’héroïne. Certains personnages, contrairement à leurs alter-égos d’Hoshido, réussissent à surpasser leurs querelles et leurs frustrations personnelles au nom de l’unité familiale, rendant chacun des membres de cette famille plus attachants les uns que les autres.

D’un point de vue gameplay, il est important de préciser que Conquête est clairement la version la plus difficile des deux. Contrairement à Héritage, Conquête ne permet pas d’engranger de l’expérience via le farming d’ennemis présents au sein de missions secondaires. La seule manière de faire monter le niveau de ses unités passera donc par les missions principales, ainsi que les missions liées à la récupération des enfants. Il faudra donc avoir cette réalité à l’esprit afin de ne privilégier la montée en puissance que d’un certain nombre d’unités nécessaire, sans perdre de temps à gaspiller de précieuses missions avec des personnages secondaires dans le but d’améliorer leurs relations avec d’autres. Il est donc conseillé de privilégier les combats en ligne qui ne rapportent pas (ou très peu) d’expérience, mais qui permettent tout de même de faire avancer les relations. D’un point de vue strictement mécanique, Conquête a un plus grand pouvoir de sanction qu’Héritage, car une mauvaise gestion de vos unités entraînera une fin de jeu synonyme de souffrance, les derniers chapitres étant réellement difficiles à surmonter en compagnie d’unités trop peu entraînées. Et la possibilité de devoir carrément tout recommencer depuis le début en cas de très mauvaise gestion des unités est une réalité à ne pas prendre à la légère…

Shogun tonight

Du côté d’Hoshido, la famille royale de la version Héritage de Fire Emblem Fates, on se qualifie facilement de « gentils », étant les agressés de l’histoire. Les personnages y perdent un peu en saveur, bien que certains d’entre eux valent clairement le détour au niveau du charisme. Famille de sang à laquelle vous avez été enlevé, Hoshido revêt donc la même importance aux yeux de votre personnage que celle de Nohr. Il n’y a donc finalement aucun véritable « meilleur choix » dans le fait de prendre parti pour Nohr ou Hoshido. En terme de design des personnages et de certains environnements, les fans de l’ère Edo seront aux anges : pétales de cerisiers blancs à perte de vue, thèmes musicaux asiatiques, personnages en tenues traditionnelles, armes médiévales japonaises, … L’honneur est ici la règle d’or, au même titre que l’unité familiale pour le royaume de Nohr. Bien qu’intéressante, l’histoire d’Héritage est un peu moins parsemée de complications et de questionnements en tout genre, ce qui en fait un jeu un peu plus linéaire et moins surprenant au niveau narratif, même si quelques surprises seront présentes vers la fin du jeu.

Le gameplay de Fire Emblem Fates, lui, est plus proche de celui d’Awakening, avec des missions non-scénarisées offrant au joueur la possibilité de se faire de l’expérience supplémentaire entre deux missions principales ou secondaires. A aucun moment, le jeu ne nous presse par le temps, et il est possible de vraiment s’amuser à monter en niveaux un maximum de personnages possible. Également, l’or sera moins un problème que dans Conquête, étant possible de le farmer en même temps que l’XP. On notera aussi que les armes et bâtons sont sensiblement différents dans Héritage. Si Conquête adopte les mêmes armes qu’Awakening et les autres avant lui, Héritage propose quant à lui des modèles différents. Les lances font place aux naginatas, les dagues aux shurikens, les épées aux katanas, … La différence, au-delà des noms et du design, est légèrement observable au niveau des statistiques, certaines armes conférant par exemple des bonus de vitesse au lieu de privilégier la défense.

Faaates, I’m gonna live foreveeer… ♫

Globalement, Fire Emblem Fates est un excellent jeu qui rend honneur aux racines de la saga tout en continuant à innover pour fournir une expérience de jeu capable de satisfaire autant les habitués des jeux du genre que les casuals gamers. Les premiers apprécieront retrouver des mécaniques de jeu qui ont fait leurs preuves, de nouvelles fonctionnalités en ligne qui leur permettront de se mesurer aux autres, ainsi qu’une difficulté qui peut vraiment devenir cauchemardesque ; les seconds, eux, pourront aisément se lancer dans un jeu qu’il est possible de traverser facilement et sans pertes grâce au retour du mode empêchant les morts d’unités – voire le nouveau mode Phoenix (retour des personnages K.O. le tour d’après), tout en profitant des fonctionnalités sociales et de la gestion parfois Tamagochi-like de leurs unités.

Hélas, ombre au tableau, les voix japonaises semblent être passées à la trappe dans la version occidentale de Fire Emblem Fates malgré la totale immersion que celles-ci procuraient, et on imagine sans mal à quel point celles-ci auraient pu être pertinentes avec la version Héritage et ses personnages tout droit issus de l’ère Edo. Nous ne savons pas si les voix japonaises seront un jour disponibles en DLC gratuit sur l’eShop comme cela fut le cas avec certains jeux sur d’autres consoles, mais prions pour que ce soit le cas, rien ne justifiant cette mise à l’écart d’une option largement appréciée par les joueurs de Fire Emblem Awakening.

Fire Emblem Fates fera également date de par son ouverture aux histoires d’amour bisexuelles. Il est désormais possible – avec certains personnages uniquement – de mettre son avatar en relation amoureuse avec une unité du même sexe, ce qui est une première pour Nintendo qui rechignait encore à permettre les unions homosexuelles dans Tomodachi Life. On ne peut donc que se réjouir de voir Big N s’adapter à certaines réalités via ce geste extrêmement appréciable.

LES TOPS

LES FLOPS

  • 👍 Une Direction Artistique héritée d’Awakening et qui est toujours aussi efficace.
  • 👍 Une durée de vie dantesque.
  • 👍 Deux versions qui apportent des choses différentes au niveau du scénario et du gameplay.
  • 👍 La gestion du château, une fonctionnalité formidable.
  • 👍 Un gameplay toujours aussi solide.
  • 👎 Pas de voix japonaises…
  • 👎 La gestion de la relation amoureuse entre l’avatar et son/sa partenaire qui a été radicalement tronquée dans la version occidentale du jeu, ôtant tout intérêt à celle-ci.
  • 👎 Des dialogues parfois trop convenus et un scénario souvent prévisible.