[TEST] Assetto Corsa sur consoles : trop exigeant ?

Acclamé sur PC, Assetto Corsa tente de conquérir les pilotes qui font leur gamme sur consoles de jeu. Voici notre test.

assetto corsa

Fiche Technique :

  • Plateformes : PS4, Xbox One, sorti en premier sur PC
  • Développeur : Kunos Simulazioni
  • Editeur : 505 Games
  • Type : Simulation de course
  • Date de sortie : 26 août 2016
  • Testé sur une version PlayStation 4 fournie par l’éditeur.

Kunos Simulazioni  a conquis un réel public sur PC avec la sortie du jeu Assetto Corsa, proposant une simulation de course très réaliste. Il est difficile de se démarquer de ce qui se fait déjà dans des jeux de courses automobiles, et pourtant, chaque studio parvient à y insérer sa propre identité. Kunos Simulazioni a clairement élevé le niveau d’exigence au point de rendre compliquée l’accessibilité pour les non-initiés. La grande question était donc de savoir si le studio changerait de voie lors du portage PlayStation 4 et Xbox One d’Assetto Corsa ou s’il garderait l’essence même du jeu. Autant vous le dire tout de suite, ils n’ont rien changé, les qualités sont les mêmes, les défauts également. Voici notre test de la version console d’Assetto Corsa.

Assetto Corsa, seulement pour les puristes ?

Assetto Corsa propose une expérience de jeu réservée aux amoureux de sport automobile. Néanmoins, il se situe aux antipodes d’une production comme Need for Speed dont la conduite se veut plus divertissante que réaliste. Ici, chaque manœuvre est importante et peut vous faire gagner ou perdre du temps. Cela peut autant constituer une force qu’une faiblesse. Une force, car les pilotes les plus aguerris sont toujours à la recherche de nouveaux challenges, parce qu’ils veulent parfois doubler à la loyale et non en amortissant leur virage sur la portière du concurrent, et surtout car ils aspirent toujours à plus de réalisme, ce qu’apporte incontestablement Assetto Corsa. Une faiblesse, également, car ce choix ne permet pas à Kunos Simulazioni de rendre son jeu accessible à un public plus large, un public qui n’a pas de structure pour un volant ou qui souhaite atteindre la médaille d’or au bout d’une heure de jeu. Ceux-là auront du fil à retordre avec le jeu et pourraient s’asseoir sur un siège éjectable.

Dès les premières minutes, nous sommes invités à choisir le mode de jeu que l’on souhaite entre les entraînements, le mode Carrière et les événements. Autant vous le dire de suite, il n’existe pas de différences précises dans l’expérience proposée dans les sections du menu. Vous arriverez toujours sur une ligne de départ, que ce soit pour une course, un contre-la-montre et d’autres défis mis à disposition. Premier bémol que vous remarquerez, après une seule image concernant les contrôles, il n’a pas été mis en place de tutoriel. Pour le coup, si vous êtes un newbie ou si vous souhaitez simplement vous habituer au gameplay d’Assetto Corsa, vaut mieux se diriger vers les courses libres. Quoique, le mode Carrière vous laissera recommencer autant de fois que vous le souhaitez les différentes épreuves, alors vous pourrez toujours faire vos gammes de ce côté.

Arrivé sur l’asphalte, il est facile de constater une chose, vous êtes encore livrés à vous-mêmes. Durant la course, vous n’avez pas avec vous de co-pilote pour vous indiquer l’angle du prochain virage, la vitesse à laquelle le prendre. En clair, vous expérimentez ceci vous-même, ce qui reste tout de même déstabilisant lorsqu’on a été habitué à être davantage dirigé voire assisté. Évidemment, vous pouvez activer des aides comme l’assistance sur la trajectoire, ce qui dessinera devant vous une ligne verte classique, ligne qui devient rouge lorsqu’il faut freiner : voilà un domaine où Kunos Simulazioni a fait comme les autres – un des seuls. Mais ladite ligne ne paraît pas adaptée aux situations puisqu’elle nous incite parfois à freiner trop tôt ; quand vos adversaires en profitent pour vous doubler, on prend alors rapidement quelques libertés sur les conseils de l’IA…

Conduite réaliste, conduite perfectionniste

Passés ces quelques détails sur la non-assistance, il est temps d’entrer dans le vif du sujet en évoquant la conduite, le comportement de l’IA, l’aspect compétitif, en résumé le gameplay d’Assetto Corsa. Encore une fois, il n’est pas accessible à tous les joueurs. Si les premières courses du mode Carrière nous faisaient entrer tranquillement dans le bain, le challenge se corse très vite, au point d’ajuster la difficulté pour ne pas rester indéfiniment un loser.

Les novices pourront se casser les dents sur les courses au cours desquelles vos chronos seront scrutés, déterminant aussi votre position et l’écart qui vous sépare avec vos adversaires. Même en niveau facile, il se peut que les plus rapides vous distancent assez facilement, de quoi nous faire demander à quel moment notre conduite a été défaillante. Ce qui demeure le plus ennuyeux, c’est que ce n’est jamais indiqué. Encore, l’absence de consignes est compréhensible, les spécificités des virages peuvent être analysées dans les virages. Cependant, lorsque l’on voit clairement le podium nous prendre à chaque tour une ou deux secondes alors même que l’on pensait assurer, on entre dans une phase d’incompréhension que la répétition des courses ne peut pas toujours expliquer. Il aurait fallu une analyse par temps des différents secteurs du circuit pour connaître notre marge de progression mais il n’en est rien. Les débutants apprécieront de pouvoir tout simplifier lors des réglages, le fait que le jeu tourne mieux avec un volant sera plus difficile à digérer.

En ce qui concerne l’I.A, celle-ci ne s’adapte pas forcément à votre positionnement, elle se montre même parfois maladroite en vous percutant si vous êtes sur son chemin, voire si vous freinez trop tôt pour sa trajectoire. Certains applaudiront, néanmoins, car il fut un temps où chaque voiture était disposée en file indienne d’une façon ridiculement robotique. Par contre, difficile d’accepter quand elle provoque des accidents : c’est vous qui êtes censés conduire comme un pied, pas l’IA… Ce qui est mal fait, c’est lorsque vous la percutez ou tentez de lui couper sa route, celle-ci ne ralentira pas d’un iota alors qu’elle est pourtant déstabilisée. Regardez donc ce que cela donne en 30 secondes de vidéo, elle s’en sort même miraculeusement après un choc :

En terme de conduite, insistons, mais Assetto Corsa est très exigeant. Certes, le gameplay à la manette est encore plus compliquée car il manque de précision, mais cela ne rend le défi que plus corsé, un grand respect à ceux qui platineront le jeu sur console de jeu en jouant à la manette. Nous ne pouvons que vous conseiller d’installer chez vous une structure pour fixer votre volant (nous avions testé ceux de Thrustmaster ici sur PS4, là sur Xbox One), car cela apporte des sensations et une précision dans le mouvement simplement incroyables. Néanmoins, la mission à la manette n’est pas impossible. Il faut juste se mettre en tête que tout est important, toutes les décisions, tous les boutons sur lesquels vous appuierez. Il ne s’agit pas que de ralentir et de gérer une transmission en accélérant au bon moment comme chez d’autres simulations de conduite. Dans Assetto Corsa, l’ajustement de la trajectoire, le rapport de vitesse, le frein, l’accélération, la décélération, tout doit se faire dans un timing juste, tout influe sur le bolide, sur l’adhérence et la physique. Il s’agit probablement de la simulation de course la plus réaliste, la plus punitive. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les paramètres du jeu vous invitent d’emblée à gérer manuellement le rapport de vitesse entre autres choses. Oui, le jeu est fait pour les puristes de l’automobile, pour les joueurs les plus déterminés et les plus ambitieux ; mais aussi les spécialistes, tout simplement, ceux pour qui un jeu de caisse se joue comme dans la réalité, avec un volant.

Des sensations au rendez-vous, le contenu beaucoup moins

Le premier événement du mode carrière nous laisse entre contre-la-montre et courses rapides. Avouons-le, c’est une entrée en matière aisée sur les circuits d’Assetto Corsa car les voitures ne sont pas les plus rapides du monde. Du coup, si c’est exactement ce qu’il nous faut pour maîtriser les bases du jeu petit à petit, ce n’est pas ce qui paraît le plus intéressant en terme de sensations. Par contre, il suffit de se rendre dans le menu, se diriger dans les Événements pour constater qu’une multitude de bolides sont à disposition – de véritables monstres. Et il serait difficile d’affirmer que plus elles vont vite, plus elles sont difficiles à conduire ; par contre, plus elles sont puissantes, plus le perfectionnement de la conduite sera compliqué. Un oubli, un temps de réaction trop tardif et vous voilà avec une pénalité de 5 secondes pour avoir loupé le virage. “Exigeant” a t-il dit…

Votre performance sera jugée selon un delta de temps qui vous annoncera si vous êtes en avance ou en retard. Si votre temps reste positif, vous serez en mesure de collecter des points lors des contre-la-montre, plus votre total sera élevé et plus vous bénéficierez de chances de décrocher une médaille d’or. Attention, à chaque fois que le véhicule sort de la piste, des points de pénalité pourront faire chuter votre score. L’expérience de jeu devient vraiment intéressante car l’enchaînement des tours intensifie la course à la performance. Néanmoins, la satisfaction d’avoir réussi sa course descend vite d’un cran lorsque l’on constate que le système de récompenses est absent… Une centaine d’événements sont mis à disposition et proposent différents modes de jeu, entre le drift, la course, et le hotlap. Le mode Carrière – comme les autres – a ses limites et cela se voit dès le lancement du jeu. On ne nous propose qu’une succession d’épreuves et il reste donc difficile de rentrer dans un esprit compétitif, sans un fil conducteur. En effet, nous n’y retrouvons pas de saison traditionnelle avec des classements et des récompenses, pas de garage, ni voitures à collectionner.

Au final, le plaisir en est amoindri, car habitués à un minimum de compétition, nous sommes forcés d’enchaîner les épreuves – souvent sur les mêmes courses – sans le tableau général que l’on apprécie tant dans les simulations de course. Ainsi, alors qu’on évaluait dans d’autres jeux notre marge de progression selon les championnats que l’on remportait, on a ici l’impression que tout est finalement une histoire de chrono, de maîtrise, de conduite. On s’auto-congratulera lorsque l’on prendra conscience de notre maîtrise de la conduite au sein du jeu, mais pas en gagnant des tournois et des lots… De ce fait, Kunos Simulazioni peut se rassurer de l’appréciation de son titre grâce aux sensations qu’il procure.

Car les sensations sont là, indubitablement. Quel plaisir de se diriger vers les événements ou l’entraînement, de choper une bagnole plus ou moins puissante et de tenter de maîtriser tour après tour sa maîtrise. Lorsque nous nous sommes jetés dans la Formule 1, nos poils de bras se hérissaient tant la caméra cockpit est jouissive et l’immersion réussie. Certes, les premières courses ne seront pas évidentes (comme la vidéo ci-dessous le prouve), mais il existe un réel intérêt qui se créé à vouloir garder les mains sur le volant, à transformer une mauvaise conduite en sensation de jeu, virage après virage, littéralement un vrai kiff. Puis le bruit des moteurs accentue un peu plus l’immersion, notamment en vue cockpit. Car celui-ci change si vous prenez la vue derrière la voiture, il en devient peut-être moins agréable à écouter tout comme le bolide devient moins agréable à conduire.

Au final, si vous avez réussi à survivre et vous adapter au gameplay d’Assetto Corsa, le mode multijoueur et en ligne est fait pour vous. Il réunit généralement les joueurs les plus expérimentés, de quoi vous plonger dans des duels et des dépassements de toutes parts. Encore une fois, pas de championnat ni de compétition en ligne puisque, comme les modes offline, nous n’avons droit qu’à des courses solo. On y trouve néanmoins un réel challenge pour les joueurs qui souhaitent concourir contre d’autres joueurs. Un petit conseil, si vous êtes nouveau venu dans l’univers d’Assetto Corsa, faites vos preuves hors ligne en premier lieu au risque de vous prendre quelques mètres de retard. Une fois le l’exigence du gameplay à votre portée, lancez-vous. La tension et la concentration que cela implique, tout fait naître des sensations de jeu que l’on cherche souvent.

Au final, Assetto Corsa apporte à la PlayStation 4 et la Xbox One sa meilleure simulation de conduite, la plus exigeante, celles que les puristes acclament sur PC depuis quelques mois déjà. Par contre, elle ne prend pas la grille de départ sans quelques défauts, tels que des modes de jeu dépassés, ou un gameplay pas assez accessible à la manette – et peut-être trop exigeant pour le grand public. Cela dit, les sensations de jeu sont réellement incontestables, le réalisme est bluffant, déconcertant, et plaira à tous les puristes du genre.

LES TOPS

LES FLOPS

👍 Les sensations toujours au rendez-vous
👍 Le réalisme de la conduite, la précision…
👍 Le bruit des moteurs en caméra cockpit
👍 Exigeant
👍 Parfait pour le volant
👎 Les modes de jeu redondants, dépassés
👎 Pas fait pour la manette
👎 Peut décourager les moins persévérants
👎 Pas d’indications