La sortie de l’épisode 61 de Dragon Ball Super contient une bonne dose de hype, malgré quelques détails un peu étranges. Si vous n’êtes pas contre un bon spoil des familles, on vous explique ce qu’il en est.
Nous vous en parlions en février dernier, Dragon Ball Super a connu des débuts ultra-poussifs mais avait bel et bien fini par nous surprendre avec un combat d’anthologie contre Hit, l’assassin engagé par Champa – le frère de Beerus – pour participer au tournoi des Dieux de la Destruction. A cet instant précis, la Toei nous avait enfin prouvé qu’elle était capable de relancer l’excitation des fans avec des combats nerveux et des techniques – enfin ! – propres à la série.
Petite précision avant de continuer : la suite de cet article se veut ouvert au débat, et n’engage ici que le point de vue de l’auteur. N’hésitez pas à nous partager votre opinion via l’espace commentaire ou sur les réseaux sociaux (Twitter et Facebook).
J’ai la mémoire qui flanche
Mais avant d’aller plus en avant dans la description de cet épisode 61, il nous semble nécessaire de rappeler avec quoi nous comparons Dragon Ball Super. Comme l’a dit Milan Kundera, « La mémoire ne filme pas, la mémoire photographie ». Et beaucoup d’entre nous, en effet, par la toute-puissance de la mémoire sélective, continuent de glorifier un anime qui, en son temps, était pourtant loin d’être exempt de défauts : animation dans la moyenne, hors-sujets parfois passables (qui se rappelle de Goku et Piccolo passant leur permis B ?), routines de combat classiques (un méchant, une première rouste, de l’entraînement, une revanche, et boum, un power-up qui vient clore le chapitre), etc.
S’il est logique de chérir ses souvenirs d’enfance, le réflexe de les sublimer est une tentation aguicheuse. On en vient parfois à ne retenir que les qualités de DBZ, à savoir des combats d’anthologie, des ennemis charismatiques, et des montées en puissance exponentielles. Empereur des shônen-fleuves, Dragon Ball Z avait rempli son office devant les yeux des jeunes enfants que nous étions, mais n’oublions pas que la concurrence était presque inexistante à cette époque et que nous étions bien moins critiques à l’égard de nos passe-temps favoris.
Parenthèse fermée et alerte au spoil ouverte, passons à la suite.
Enfin, Dragon Ball Super porte bien son nom
L’arc Champa avait réussi à faire décoller un anime qui n’avait vraiment rien pour lui, réussissant à rajouter in extremis un combat dantesque en fin d’arc, empêchant celui de couler avec ses enchaînements d’affrontements trop vite expédiés pour être correctement savourés. Le combat entre Hit et Goku avait ainsi permis de prouver que la Toei était capable de nous servir autre chose que des duels molasses, tout en piochant dans des techniques bien connues pour agrémenter le “SSJ God” tant critiqué. Le SSJ God + Kaïoken relevait tout simplement du génie, et le trait d’union entre Dragon Ball Z et Dragon Ball Super était alors enfin visible.
L’arrivée de l’arc Mirai Trunks était alors attendu au tournant, la Toei piochant de nouveau dans le réservoir à nostalgie pour sortir de ses placards un des personnages les plus appréciés par les fans. Avec un aperçu plus précis des Dieux, de leurs aspirations et de leurs liens, l’arc actuel réussit finalement à donner de la consistance à un anime qui en manquait un peu, et Zamasu/Goku Black réussissent à frôler le niveau de charisme d’ennemis tel que Cell. Si leurs motivations demeurent simplistes (détruire tous les mortels, yay), n’oublions pas que le but de Boo était de tout manger, celui de Freezer de tout conquérir, et celui de Cell de mettre sa force à l’épreuve.
Malgré un chara-design modernisé qui continue de faire débat (exit les bodybuildeurs, bonjour la finesse), ainsi que des choix cosmétiques qui déclenchent les hypothèses les plus folles, le retour de Trunks dans le présent (ou son passé, on se comprend) a été plutôt bien mis en scène : rencontre avec un Gohan qui a enfin réalisé ses rêves, confrontation avec Trunks enfant et un papa en mode vénère, et développement du personnage qui a atteint l’âge adulte entre sa victoire contre les cyborgs et l’arrivée de Goku Black. Et les premiers affrontements réussissent d’ailleurs à nous redonner les frissons d’une époque que beaucoup pensaient révolue. Bref, petit à petit, cet arc prend enfin un rythme correct et se calque doucement sur celui de son prédécesseur, avec ses phases calmes teintées d’humour et ses séquences orientées action qui nous offrent quelques beaux moments de Dragon Ball.
L’épisode 61, ce kiff indécis
Arrive alors l’épisode 61, étape précédant le point culminant de l’affrontement entre les héros et Zamasu/Goku Black. Goku, Trunks et cie reviennent dans le futur pour vérifier la théorie de beerus selon laquelle tuer un Dieu dans une timeline impacte les autres, et – comme c’est étonnant – il s’avère qu’il n’en est rien : les deux ennemis sont toujours vivants et prêts à en découdre une bonne fois pour toute. Et si le coup de pression de Goku qui cède à la provocation adverse en passant en mode sérieux nous a offert quelques secondes de pur plaisir, la mystérieuse transformation de Trunks, vraisemblablement à mi-chemin entre le SSJ et le SSJ God, a clairement marqué l’épisode. Cheveux dorés, yeux blancs, Trunks passe enfin à la vitesse supérieure et nous promet un épisode 62 épique avec une possible remise à niveau des niveaux de puissance en jeu. A quelques secondes de la fin, la hype est maximale.
Cependant, un sentiment d’incompréhension remonte à la surface une fois l’excitation terminée. Que penser, en effet, de l’explication de Goku Black (Zamasu, donc) concernant son appropriation du corps de Goku ? D’après lui, il aurait voyagé dans le futur pour tuer Goku et sa famille, ce qui est totalement incohérent lorsqu’on sait que le futur de Trunks est vide de héros, Goku et les autres étant déjà morts au moment de l’avènement des cyborgs. A moins que Zamasu ne parle d’un “futur proche”, postérieur au présent, mais sans rapport avec le futur alternatif de Trunks. Mais dans ce cas, comment imaginer Goku en train de labourer tranquillement son champ comme aux débuts de Dragon Ball Super alors que le monde est en danger ? De plus, Zamasu se vante d’avoir tué tous les Dieux, mais qu’en est-il de Zen’ō, le roi des Dieux au pouvoir supposé terrifiant ? A-t-il également été tué (ce qui serait parfaitement fantasque) ? Ou n’est-il tout simplement pas au courant de ce qui se passe (ce qui paraît également improbable, à moins qu’un génocide divin ne soit pas suffisant pour le faire intervenir) ?
Vous l’aurez compris, le raisonnement derrière les évènements est totalement bancal, et à moins qu’un complément d’information plus précis ne pointe le bout de son nez, l’anime semble s’asseoir sur la cohérence scénaristique. Si cela se confirme, Dragon Ball Super pourrait rapidement perdre le charme qu’il a à peine commencé à gagner dans le cœur des fans.