Quel incroyable début d’année nous vivons dans le royaume du jeu vidéo. Seulement trois mois se sont écoulés depuis la dernière Saint Sylvestre et nous avons eu droit à un retour tonitruant de Resident Evil 7, à des exclusivités Sony de haute volée avec Ni-Oh et Horizon Zero Dawn en plus d’un nouveau Zelda d’anthologie sur la nouvelle console de Nintendo. Difficile d’exister à côté de telles productions et pourtant, Square Enix a choisi de sortir NieR Automata, un jeu qui marquera également l’année 2017, qui laissera une trace dans l’industrie tant par sa direction artistique que par ses mécaniques de jeu. Retour sur le meilleur titre développé par PlatinumGames depuis bien des années.
PlatinumGames nageait en eaux troubles depuis quelques mois, entre un Scalebound annulé et un StarFox Zero en demi-teinte, mais comptait bien revenir en force avec Yoko Taro venu déterrer une licence qui n’avait plus fait parler d’elle depuis 2010. Sept ans après, Square Enix permet l’éclosion de NieR Automata dont la qualité ne fait aucun doute. Tout comme son prédécesseur, le succès d’estime sera indubitablement au rendez-vous grâce à une réalisation maîtrisée, une bande-son dantesque, des mécaniques de jeu perfectionnées et une technique retravaillée sans oublier une direction artistique unique. Retour sans spoiler sur le titre édité par Square Enix et développé par PlatinumGames, NieR Automata.
Le Grand-Huit
Square Enix avait eu la bonne idée de mettre en ligne une démo du jeu sur le PS Store, histoire de présenter le coeur du jeu à la communauté. Cela n’avait pas manqué, elle nous annonçait directement la couleur du jeu, son identité en terme de gameplay. Entre séquences de beat’em up, de beat’em all, en 2D et en 3D, une caméra qui se balade partout autour de votre personnage, NieR Automata joue avec les codes du jeu vidéo. Chaque fois qu’il le fait, cela représente un réel plaisir en terme de sensations de jeu. Parfois déroutant, parfois jouissif et toujours porté par une fluidité impeccable et des mécaniques de jeu ultra efficaces.
Ce qui reste plutôt fort, c’est de l’avoir fait dans toutes les séquences de jeu, ce qui nous propulse parfois 20 ans en arrière et nous laisse pourtant avec une impression de renouveau. Que vous soyez dans votre robot/vaisseeau genre Transformers ou à pieds, le genre change grâce à cette mobilité de la caméra. Mieux encore, parfois il nous met même en mode versus de Tekken et autre jeu de combat. Jamais la caméra nous aura autant joué de tours tout en nous gardant captivé sur l’objectif, éliminer l’adversaire avant que ce soit lui qui nous dégomme.
Comme des airs de Street of Rage
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Outre ce système de caméras, une autre particularité définit le gameplay de NieR Automata, il s’agit des déplacements. Déjà, c’est un simple régal pour les yeux de voir 2B se déplacer. Ses mouvements en combat ne se contentent pas d’une seule direction (à gauche en ligne droite par exemple), il est possible de zigzaguer comme on veut avec le joystick et en maintenant la gâchette, ce qui nous procure encore un bon feeling. Cependant, ce qui reste primordial, ce sont les esquives. PlatinumGames a intégré un système de contre et de combos dès lors que vous avez évité l’attaque de l’adversaire dans le bon timing. Cette mécanique est accessible au premier venu puisqu’il s’agit de presser une fois (ou deux selon le pattern de l’ennemi) la gâchette R2 toujours au moment opportun. Une fois la technique maîtrisée, vous pourrez parer à merveille, avec un contre qui, selon l’arme que vous possédez à votre disposition, déterminera sa forme. Au départ, cela projette l’ennemi en l’air pour que vous lui asséniez plusieurs coups à l’abri de ses amis.
Un challenge omniprésent !
Que ce soit contre les ennemis lambdas ou les boss, il est indispensable de maîtriser ce système de déplacements, d’esquives et de contres. Dans le premier run (explications plus bas), vous ne serez pas tellement confrontés à une grande variété d’ennemis. Des petits robots, des robots à taille moyenne et des géants, parfois à pied, parfois en soucoupe volante, d’autres en mode kamikaze et d’autres remplis de décharges électriques. Ainsi, ce n’est pas tellement dans le design que les ennemis lambdas se distinguent mais plus dans leurs techniques de combat.
« Certes, NieR Automata a parfois des airs d’open-world mais il est assez directif pour ne pas faire perdre son intensité au jeu. »
Là où la tâche devient coriace, c’est lorsque les ennemis se mélangent, se succèdent, que l’environnement fait des siennes et que la caméra se forme et se déforme en contournant un pylône par exemple. Encore une fois, y jouer et assister à ces petits changements réguliers, cela demeure fascinant pour le joueur. Cela ne nous permet pas de nous construire une zone de confort ni une monotonie et cela participe au rythme cadencé de notre avancée. C’est d’autant plus vrai que les développeurs ne se sont pas perdus dans une volonté de faire un jeu open-world. Lorsque nous sommes en phase d’exploration, nous traînassons jamais trop, nous suivons l’objectif et le fait que 2B se déplace très rapidement y est pour beaucoup. Certes, NieR Automata en a parfois l’air mais il est assez directif pour ne pas faire perdre son intensité au jeu.
La suite ne sera pas accueillante ce soir…
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Concernant les boss, ils deviennent plus que tordus après quelques heures de jeu. Si le premier boss – celui de la démo – restait plutôt facile, les suivants le sont beaucoup moins. Ils deviennent presque impossibles si vous êtes morts et que vous n’avez plus de soins dans votre inventaire car une fois mort, vous ne récupérez rien de ce que vous avez utilisé auparavant, à part votre dernier checkpoint. Comme il est de coutume, il sera nécessaire d’analyser le pattern de chacun d’entre eux, d’esquiver à multiples reprises et d’attaquer au moment propice, tout cela vous promet des bossfights de grand niveau. En niveau normal, cela devient déjà coriace rapidement et pour les plus sadiques/fous, il existe deux niveaux de difficulté encore plus élevés. Pour les moins patients – plus communément appelés petits joueurs – PlatinumGames a aussi pensé à vous en intégrant un niveau Facile. Nous pourrions presque l’appeler le mode Spectateur car tout est automatisé, des tirs aux déplacements, le mode assisté suprême qui vous garantit une victoire à condition de le laisser faire. Ce qui reste utile si vous voulez connaître la suite de l’histoire sans être bloqué face à un boss.
Une direction artistique unique !
Une mise en scène souvent réussie
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Square Enix se démarque souvent par les grandes licences qui composent son catalogue, chacun s’appuyant sur son propre univers, que ce soit Final Fantasy, Dragon Quest ou les Kingdom Hearts. Cependant, NieR peut compter sur le fait que la licence n’est pas hyper reconnue et nous avons donc aucun air de déjà vu qui pénalise parfois d’autres licences. Le premier opus est un succès d’estime mais a été un échec commercial et le public ne connaissait pas tellement le jeu en Occident avant que NieR Automata soit annoncé. Pour le coup, on (re)découvre la patte de Yoko Taro et de son équipe qui ont donné naissance à un bijou artistique. Rien que la posture des personnages nous a fait accrocher, le design de ses boss et différents niveaux également. Enfin… que dire de la bande-son concoctée par Keiichi Okabe si ce n’est qu’elle est envoûtante, qu’elle accompagne à la perfection chaque séquence importante. Plus généralement, même les voix et le bruitage des PNJ ou des ennemis sont de très bonne facture et participent à l’immersion dans un univers fantastique.
« toute la profondeur d’écriture amplifie notre incursion dans un univers encore plus vaste qu’il n’y paraît. »
Esthétiquement réussi, magistralement orchestré, immersif de façon surprenante, NieR Automata parvient à nous plonger dans son univers de science-fiction au point de ne vouloir jamais le quitter par la suite. Et cela, les studios le recherchent car vous ne terminez pas une fois l’histoire du jeu, vous la redécouvrez à chaque run. En effet, comme pour le premier NieR et comme le créateur nous l’avait annoncé personnellement, le New Game Plus comporte un réel intérêt scénaristique. Et c’est toute la profondeur d’écriture qui amplifie notre incursion dans un univers encore plus vaste qu’il n’y paraît, qui adopte chaque fois un angle nouveau pour une mise en scène qui conserve tout notre intérêt. Pour éviter tout spoiler, nous éviterons d’entrer dans les détails mais si vous pensiez terminer l’histoire en 13 heures de jeu, détrompez-vous, continuez votre partie et entamez votre second run, puis le troisième…
Enfin, NieR Automata participe à une année qui s’annonce grandiose dans le secteur du jeu vidéo. Il capture toute notre dévotion dès les premières heures de jeu pour ne jamais la lâcher jusqu’à la fin. Des mécaniques de jeu diverses et variées et surtout complètement bluffantes, mélangeant les genres et les références pour placer le joueur dans un rythme soutenu qui nous procure des sensations de jeu incroyables. NieR Automata sera le jeu du mois voire de l’année pour beaucoup de joueurs et ce n’est pas rien quand on regarde les monstres en face. Merci PlatinumGames pour ce moment !
Le New Game Plus nous ouvre ses portes…