Comme si le remake de Street Fighter 2 sorti en 2008 ne suffisait pas, Capcom revient profiter de notre sensibilité nostalgique avec Ultra Street Fighter II : The Final Challengers spécialement pour la console Nintendo Switch. Si le prix risque de faire grincer quelques dents (40 euros), nous allons nous intéresser plus particulièrement au contenu du jeu, ses nouveautés et si les sensations sont au rendez-vous sur la machine hybride.
Test effectué à partir d’une version Switch fournie par l’éditeur. Ultra Street Fighter II : The Final Challengers affiche un prix de 39€99 sur le site Nintendo.
Le retour du roi !
Evidemment, le premier aspect positif est lié bien plus aux spécificités de la console qu’au jeu en lui-même. Nous pouvons jouer n’importe où à un jeu de combat qui défonce, finies les contraintes des consoles de salon où l’on est limité à une pièce. Tout comme le dernier Zelda ou le portage de Mario Kart, le plaisir est réel lorsqu’on embarque avec nous la Nintendo Switch sur un laps de temps plus ou moins court. Pouvoir se lancer dans Ultra Street Fighter II tout en étant mobile et en maîtrisant parfaitement sa session et les coupures, cela devait constituer un combo parfaitement adapté à de bonnes sensations de jeu.
Néanmoins, un aspect dérange la compatibilité de la console avec le gameplay dans sa globalité. Le titre n’est pas facile à maîtriser avec les Joy-Cons, ce qui rend le titre tout de suite un peu moins portable. En effet, vaut mieux se lancer dans les combats de Ultra Street Fighter II avec la manette Pro Controller afin de profiter de la meilleure expérience possible. De ce fait, en plus de dépenser 40 euros pour l’acquisition du titre, il faudra bien en dépenser plus du double pour jouer dans des conditions optimales. Et personnellement, je me vois mal embarquer le gadget partout, il faudra donc se contenter des joypad lors des sessions en toute mobilité. Même les pros de chez pros devront encore attendre avant de profiter d’un stick arcade toujours absent des rayons de vente.
Peu de nouveautés pour un gameplay parfait !
Ce qui est tout aussi regrettable, c’est le manque de nouveautés apporté au soft pour son arrivée sur Nintendo Switch. Dans sa grande générosité, le studio japonais a effectué un travail considérable – relevez la pointe de cynisme – en ajoutant 2 NOUVEAUX combattants aux 17 déjà présents. Vous reconnaîtrez ainsi Violent Ken et Evil Ryu, tous les deux des formes alternatifs et bien plus sombres que les originaux. Comme vous pouvez le deviner, ces personnages sont cheatés comme jamais, avec des combos qui, une fois maîtrisés, déferlent sur l’adversaire de façon redoutable. On espère seulement que les affrontements online ne vont pas tourner autour de 5 personnages et de ces deux-là.
Le mode principal, vous le connaissez, il est nerveux, il donne envie de casser des bouches. La tension monte à chaque fois qu’on approche de l’issue et du titre de champion du monde, l’intérêt grimpe tout aussi crescendo que notre rage de vaincre et notre peur de recommencer tout depuis le début. En effet, le mode Arcade nous invite à affronter 12 guerriers, ce qui a le mérite dès les premières heures de raviver quelques souvenirs. Le jeu de l’époque était béton et nous a fait vivre des moments incroyables durant nos jeunes années, celui-ci pourrait être tout aussi convaincant pour tous les publics. Les moins jeunes qui sont souvent au rendez-vous dès que la fibre nostalgique se fait entendre, la nouvelle génération de joueurs qui tient là un jeu de baston qui déboîte sur la console Nintendo Switch.
Si jamais vous n’êtes plus en phase avec les mécaniques de combat de l’époque, qui ont certes évolué mais restent dans leurs fondamentaux similaires, vous serez bien inspiré de vous diriger vers le mode entraînement. Il sera ici question de faire ses gammes mais l’impatience montera assez vite. Pour accroître le plaisir, Capcom met tout de même à disposition des modes de jeu multijoueur en local, en Versus ou en Coop. Honnêtement, c’est bien là que nous nous sommes le plus dirigés car les parties entre amis, c’est toujours ce qui a fait la bonne réputation des titres SF de l’époque.
Maintenant que l’on a surtout parlé de la forme, on va s’attarder sur le fond avec les sensations de gameplay, les petites nouveautés qui y ont été implémentées et notre ressenti sur le tout.
Dans les détails qui font la différence, on pense au rééquilibrage du soft, des combattants qui connaissent quelques ajustements. Certains viennent tout droit du travail effectué sur Super Street Fighter II Turbo (des coups des uns et des autres plus facilement réalisables), le jeu se veut très proche de ce dernier au point que certains joueurs devraient se demander quel intérêt ils ont à se procurer ce remaster sur Switch, si ce n’est pour profiter des caractéristiques hybrides de la console. Et ils auront raison. Néanmoins, dans sa globalité, le jeu se veut beaucoup plus accessible, de quoi conquérir un tout nouveau public qui n’a pas forcément connu l’un des épisodes les plus populaires de la licence. Il sera en effet plus aisé de réaliser tous les coups possibles tandis qu’il fallait des heures et des heures d’entraînement pour tout maîtriser dans ses premières versions. Cela se traduit aussi par l’intégration des contrôles Lite, ceux-ci permettant d’amorcer des enchaînements en tapotant simplement l’écran tactile, quatre raccourcis qui vous donneront quelques aises en mode portable. Le jeu devient moins nerveux mais cela reste tout de même facultatif, alors chacun fera ses choix…
La Voie du Hado, pas un cadeau !
Là où Capcom a réalisé des efforts importants, le studio ne brille pas forcément. Par là, il faut évoquer La Voie du Hado, un mode de jeu inédit de ce Ultra Street Fighter II sur Nintendo Switch dans lequel ils ont voulu tirer profit du gyroscope de la manette. En effet, le principe même relevait d’une bonne idée : incarner Ryu à la première personne et réaliser ses différentes techniques telles que les légendaires Hadoken et Shoryuken. C’est vite fait, c’est limité mais cela amusera la galerie genre deux minutes…
Visuellement, Ultra Street Fighter II adopte une esthétique qui ne plaira pas à tous, marquée par quelques pixels aussi assumés que laids. Certes il sera toujours possible de palier ce problème en revenant en 4:3 mais tout n’est pas optimal pour autant. Avec le temps, on s’accoutume mais on ne devrait pas… Encore une fois, on joue sur la fibre rétro, on permet de jouer comme à l’époque, il est même possible de lancer une partie avec les sons en rétro, c’est une jolie attention de la part de Capcom mais cela ne transcende pas l’intérêt pour sa version Switch.
Au final, de par la qualité et la réputation dont il profite, Ultra Street Fighter II : The Final Challengers déboule en toute légitimité sur Nintendo Switch. Ce qui reste dommage, c’est qu’il représente davantage un portage paresseux du précédent remake plus qu’une toute nouvelle version. Il peut certes compter sur deux « nouveaux » combattants, une galerie d’artworks à admirer et le mode La Voie du Hado un peu maladroit mais son contenu global reste assez limité. On regrette que l’expérience de jeu se repose toujours sur le mode Arcade et désormais le Online, toujours pas d’alternatives pour varier le challenge et les sessions de jeu. On se réconfortera avec l’idée de pouvoir jouer à un Street Fighter autant populaire qu’abouti, à n’importe quel moment grâce aux spécificités de la console hybride de Nintendo. Un vrai jeu de fight sur cette dernière, pas un nouveau, mais parfait pour vos sessions entre amis.