On s’est enfermé dans le noir afin de tester pour vous Layers of Fear, un jeu d’horreur inspiré du portrait de Dorian Grey.
Fiche Technique
- Support: PlayStation 4, Xbox One, PC
- Test effectué sur PlayStation 4 d’après une version fournie par l’éditeur
- Éditeur/Développeur: Blooper Team
- Type: Horror simulator
- Date de sortie :16 février 2016
Blooper team nous a habitué à des jeux de puzzle ou de stratégie mais jamais à de l’horreur, à l’exception peut être de Last Flight qui n’a malheureusement jamais vu le jour.
Layers Of Fear s’engage donc dans la mouvance du jeu d’horreur moderne et indépendant alors que le genre semblait tourner en rond depuis PT. Il y a deux types de jeux d’horreur : ceux ou vous êtes armés, et ceux ou vous êtes vulnérables. On peut vous garantir que celui-ci fait partie de la deuxième catégorie et nous évoquerons pourquoi dans notre test qui suit.
Chérie fais moi peur
Ne vous attendez pas à être attendri dans les premières minutes ou à connaître une introduction lente, ici nous entrons très vite dans le vif du sujet. Directement, nous sommes réveillés par une musique douce, essentiellement jouée au piano. Le jeu à la 1ere personne rend l’exploration simple et efficace. Nous commençons doucement à regarder autour de nous en explorant une vieille maison des années 1950.
Et que dire ? Nous avons du mal à croire que le jeu tourne sur Unity. Les décors sont bien modélisés, les animations sont très réussies et les effets de lumière bien ajustées, le tout pour un rendu artistique remarquable. La musique brise tranquillement le silence, nous proposant quelques moments de répit. Parce que oui, nous en bavons vraiment dans ce jeu qui installe une tension permanente.
Le jeu propose un gameplay simple qui vous fera interagir avec les portes et autres meubles que comporte le manoir. Ici, il n’est nul question de gore, les développeurs ont préféré créer une « psychédélie » omniprésente, mettant en scène des meubles qui bougent, des tableaux qui s’animent ou disparaissent ou encore une tête de cerf qui nous observe. Une ambiance qui nous fait vite flipper, nous et notre personnage.
Toute cette atmosphère se démarque par son côté lugubre, mettant ainsi en place un excellent contexte à l’utilisation de Jump Scares qui, en général, sont la base d’un jeu d’horreur raté mais ici, ce n’est clairement pas le cas, bien au contraire : tout semble jouer avec notre esprit…
Peindre sa folie
Oubliez les zombies et les monstres, ces créatures surnaturelles ne figurent en aucun cas au programme de ce Layers of Fear. Ce dernier prendra un malin plaisir à mettre votre logique et vos sens à rude épreuve… Nous pouvons très vite résumer notre ressenti quant à nos mouvements au sein de cet endroit qui nous donne des frissons. Avançons, tournons nous et tout a changé : nous immergeons dans la folie du personnage, perdant peu à peu nos repères géographiques entraînant notre raison dans une chute permanente vers la folie.
La tension est fortement accentuée par la présence d’un esprit essayant de nous tuer. On frissonne, on transpire, l’ambiance est réellement bien gérée et cela constitue réellement un plaisir de voir une production aussi bien maîtrisée. Autre chose, la mort dans le jeu est présente mais sans Game Over. On recommence simplement dans la pièce centrale, ce qui est un choix discutable car au final elle n’est que peu punitive.
Le scénario? On ne prend pas le temps de vous le présenter. En effet, le titre commence sans contexte préalable, si ce n’est un vague texte. On incarne un peintre célèbre dont les bribes de l’histoire sont disséminées à travers des indices et des objets de notre vie passée. Ce système fonctionne terriblement bien et nous pousse à l’exploration. On a envie de savoir et de comprendre l’histoire de ce anti-héros malgré la peur constante de se retourner. Et cette façon de raconter l’histoire à un avantage certain : l’interprétation.
Chaque joueur sera libre de donner sa théorie sur le jeu car le mystère parsemé entre les différentes informations nous donne plusieurs cheminements plus ou moins malsains. Un mystère qui se retrouve dans la finalité multiple de l’intrigue. Ainsi, trois fins différentes peuvent être découvertes et c’est ce qui sauve le jeu d’une durée de vie peut-être trop courte. On a tendance à regretter une durée de jeu trop courte quand une expérience nous marque, Layers of Fear s’installe dans cette malheureuse tendance bien que le refaire sera toujours un plaisir.
Pas celle-là, celle-ci non plus…
Le titre parvient peut-être à nous pousser à l’exploration, cependant il n’en demeure pas moins très dirigiste. Les seules fois durant lesquelles on mettra à notre disposition certains choix, ils nous conduiront généralement soit à la mort soit à la pièce suivante ; vous connaissez l’expression « quatre murs ou quatre planches »?, elle trouve tout son sens ici.
Le jeu reste une succession de poignées à tourner qui, lorsqu’elles sont verrouillées vous amène à essayer les suivantes jusqu’à ce moment au cours duquel vous trouvez la bonne. Les indices résultent logiquement de nos recherches dans cette même pièce qu’il nous faudra analyser de blocs en blocs. L’immersion demeure efficace mais le fait de ne pas avoir de réelles décisions peut parfois se révéler assez frustrant.
Autre petit défaut qui n’en est peut-être pas un pour tous : on s’habitue à l’ambiance, à tel point qu’arrivé vers la fin du jeu, on en devient quasiment anesthésié. On connait la démarche : on rentre dans une pièce, on avance, on se retourne, un petit effet de surprise (« bouuh ») et on recommence. Ce qui nous amène à penser que cela reste assez dommage, l’univers devient vite dérangeant au début sans aucun réel moment de pause. Peut-être que faire le yo-yo avec cette ambiance aurait permis au titre de présenter un rendu final encore meilleur…
Néanmoins, ce Layers of Fear constitue une excellente expérience dotée d’un psychédélisme redoutable. Il s’appuie sur une ambiance réellement déroutante. Un secteur où la tension et le frisson prennent aisément, ce sont les jump scare efficacement intégrés qui feront réellement peur à bon nombre de joueurs. On ne peut que vous recommander ce titre si vous êtes amoureux du genre.
LES TOPS |
LES FLOPS |
---|---|
|
|