Créé par des vétérans d’Irrational Games (Bioshock), Harmonix (Guitar Hero, Rock Band) et Bungie (Halo), The Flame in the Flood est un survival game né sur Kickstarter.
Fiche Technique
- Support de test : PC – OS W7 64 bits / Intel Core i5-2500K 3,30 GHz / 8 Go RAM / Asus GTX 760 OC
- Configuration minimum requise : PC – OS W7 64 bits / Dual Core 2,5 GHz / 4 Go RAM
- Version du jeu testée : version finale fournie en avant-première par The Molasses Flood.
- Développeur : The Molasses Flood
- Éditeur : The Molasses Flood
- Type : survie
- Date de sortie française : 24 février 2016 (date officielle de la fin de l’Early Access + date de sortie du mode campagne)
Scout toujours…
Né un auguste mardi, le 7 octobre 2014 précisément, The Flame in the Flood regroupe plusieurs talents issus de trois studios très connus (Bungie, Harmonix et Irrational Games) sous la bannière du studio indépendant The Molasses Flood. Développé grâce à une cagnotte d’environ 250 000 dollars sur Kickstarter, le jeu se présente comme un survival game qui vous met dans la peau d’un personnage féminin nommée « Scout » évoluant dans un monde post-apocalyptique dominé par la montée des eaux. Sa rencontre avec Ésope – le chien à lunettes le plus cool de l’univers – la fera entreprendre un véritable road-trip à travers ce qui semble être les vestiges des États-Unis après un mystérieux désastre écologique. Et pour vous aider à vous tailler un chemin à travers l’hostilité d’une nature reprenant ses droits, vous aurez l’aide d’un autre compagnon de route : votre radeau. Celui-ci pourra être customisé et entretenu afin de vous permettre de parcourir les flots parfois capricieux d’une rivière reliant tous les endroits que vous serez amenés à visiter.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
D’emblée, ce qui frappe dans The Flame in the Flood, c’est la direction artistique. Graphiquement, même si le design de la protagoniste est assez particulier, l’ensemble est vraiment magnifique et possède une identité propre. Typé cartoon, le style graphique nous transporte dans différents biomes vêtus d’un habit de lignes brisées et de couleurs finement saturées. A titre de comparaison, l’intense ambiance visuelle du titre fait furieusement penser à Don’t Starve, qui se démarquait de par sa direction artistique très « Burtonesque ». Ici, point de Tim Burton, mais un univers graphique qui possède également un charisme indéniable. Les créatures rencontrées vous donneront d’ailleurs un aperçu de leur dangerosité par le biais de leur apparence seule : les lapins mignons vous renseignent sur leur statut de victimes auto-désignées, les grotesques sangliers provoqueront une réaction de méfiance assez mitigée, les loups et leur allure sombre et inquiétante vous mettront aussitôt en alerte sur le danger mortel qu’ils représentent, quand la masse ténébreuse de la fourrure d’un ours ne laissant entrapercevoir que sa mâchoire terrifiante et ses yeux écarlates vous figera sur place en vous faisant vous interroger sur la nécessité d’aller plus loin.
Au niveau sonore, The Flame in the Flood se démarque de la concurrence par des thèmes assez country, avec une prédominance d’harmonica de guitare qui vous accompagnera autant dans les thèmes musicaux que dans les sons des menus. A certains moments, vous aurez même l’occasion d’entendre des musiques entraînantes pendant vos virées en radeau, le tout supporté par une voix qui n’a rien à envier aux plus grands noms du rock country. Là aussi, The Flame in the Flood joue la carte de l’identité artistique, le jeu apportant ce vent de fraîcheur typique de certaines productions indépendantes. On peut également faire le lien avec l’origine des développeurs : lorsque l’on est issu des studios ayant enfanté Halo, Rock Band, les premiers Guitar Hero ou encore Bioshock, on ne peut en effet que produire de belles choses, autant visuellement que musicalement.
Ésope, le chien qui vous suit à la Thrace
Durant l’Odyssée de votre personnage dans The Flame in the Flood, vous serez amenés à explorer le pays à la recherche de ressources vous permettant de survivre au sein de cet environnement hostile. Si votre sac à dos sera un allié précieux pour transporter les ressources nécessaires, le chien Ésope possède également un petit sac et vous servira souvent de tampon en cas de surcharge, le temps de faire le tri et de stocker les ressources les moins utilisées sur votre radeau. Ésope possède d’ailleurs d’autres utilités non-négligeables : celle de détecter les ressources et celle de vous avertir du danger quand un animal que vous n’auriez pas vu est à proximité (utile pour éviter de marcher sur un serpent…).
Quatre jauges de besoin seront ainsi à surveiller : la faim et la soif, mais également la température et le repos. Pour gérer la faim, deux solutions s’offriront à vous : le plus simple est sans doute la cueillette. Certaines plantes, crues ou cuites, vous apporteront de quoi subvenir à vos besoin, mais il vous faudra en avaler de grandes quantités pour espérer caler votre estomac durablement. La jauge de besoin s’étalant de 0 à 100, une plante ou un produit dérivé ne vous apportera souvent qu’un bonus de nourriture allant de +1 à +12, rarement plus. La seconde solution sera de chasser les trois types de gibier disponibles : le petit, le moyen et le gros. Les lapins représentent l’essentiel du petit gibier disponible et seront facilement attrapés à l’aide de quelques collets et autres pièges. Au-delà, il vous faudra vous armer avec divers ustensiles (arc, pièges à pieux, appâts piégés, …) afin d’y aller sereinement et ne pas risquer votre peau inutilement face à une meute de trois loups, la charge d’un sanglier ou l’imposante musculature du redoutable ours noir. A noter que le jeu propose parfois quelques astuces à découvrir vous-mêmes. Il est assez satisfaisant de découvrir, par exemple, que l’on peut décimer une colonie de lapins sans gaspiller un seul piège en attirant un serpent près de leurs terriers. Toutefois, la nourriture récupérée se gâte vite et vous devrez la manger rapidement, à moins de la conditionner de manière particulière.
La soif, elle, pourra être régulée en ramassant des flacons que vous pourrez remplir d’eau, cette ressource paradoxalement présente mais parfois peu accessible. Il existe en effet deux types d’eau ; la potable et la polluée. Et si la polluée est omniprésente par nature, c’est l’eau pure qui représentera parfois un défi pour qui ne saura pas découvrir tous les moyens d’en obtenir. Souvent, l’astuce salvatrice sera de profiter de la moindre pluie diluvienne pour remplir les flacons sans aucune difficulté… ce qui ne vaut que lorsque vous traversez un biome qui ne connait pas la sécheresse. Autrement, le craft de filtres à eau ou celui du purificateur du radeau seront indispensables pour survivre.
La température, elle, sera changeante en fonction de plusieurs facteurs tels que le cycle jour/nuit ou le climat. Pour résister au froid, il sera alors nécessaire de récupérer les peaux des animaux tués pour confectionner des tenues plus ou moins efficaces. Les tenues en peau de lapin sont généralement un bon début, mais on en viendra vite à rêver des tenues en peau de loup, voire en peau d’ours… pour ceux qui auraient la chance d’en vaincre sans y laisser leur peau. En cas d’hypothermie, on pourra évidemment compter sur l’aide d’un abri ou d’un feu de camp, d’où la nécessité de crafter rapidement un petit poêle à bord de son rafiot pour ne pas trop dépendre de certaines ressources rares.
Le sommeil, lui, est un besoin relativement simple à gérer : dormez (près d’un feu ou dans un abri), et vous pourrez regagner de l’énergie. Cependant, plus vous dormez, et plus vos besoins en nourriture et en eau baisseront au réveil. Il faudra parfois faire un choix en cas de disette.
Mais les quatre jauges de besoin ne seront pas les seuls éléments de survie à prendre en compte, Scout pouvant être mise en danger par d’autres facteurs plus ou moins graves. Si les morsures de fourmi seront facilement gérables avec un peu d’aloé, les griffures d’animaux sauvages et autres écorchures devront rapidement être soignées pour éviter les infections. Idem avec les morsures de serpent qui entraîneront la mort faute d’un traitement approprié. A cela peuvent s’ajouter les intoxications alimentaires, la coulante (un conseil, ne mangez pas trop de mûres), et bien d’autres joyeusetés qui pourront s’accumuler (affronter un ours en close-combat ou jouer trop longtemps à la corrida avec un sanglier est ainsi déconseillé).
Voyage au bout de l’ennui
En revanche, si le jeu comprend les bases du survival game, The Flame in the Flood ne les réinvente pas, ni ne les sublime. Se contentant de dérouler des bases (quelques armes, quelques pièges, quelques utilitaires), le titre de The Molasses Flood ne surprend à aucun moment. On se lasse vite des rares armes disponibles (un arc finalement utilisable peu souvent), et la chasse se résume à réutiliser sans cesse les mêmes pièges. On aurait aimé avoir plusieurs possibilités pour chasser ou piéger les gros gibiers, par exemple. Concernant le personnage, on regrette aussi que les changements de vêtement ne soient pas visibles, ce qui est souvent un détail motivant pour changer de tenue et pour tester les différents modèles disponibles.
Si les biomes sont variés (on peut passer de zones rurales à des zones urbaines, industrielles, désertiques, etc.), on fait cependant vite le tour des différentes mini-zones que nous sommes amenés à parcourir après nous être arrimés à chaque quai croisé. Chaque zone apporte son lot de spécificités (les églises ont plus de chiffons, les magasins offrent de l’alcool, les fermes ont de la nourriture et de l’eau potable, etc.), mais au bout de quelques heures de jeu, on se lasse de toujours faire la même chose : naviguer sur la rivière en esquivant les obstacles, s’arrêter pour récupérer des ressources, reprendre la rivière, d’arrêter de nouveau, reprendre la rivière, et ainsi de suite. Le rythme est ainsi cadencé de manière trop répétitive, et on se demande parfois le but du jeu. C’est d’ailleurs le mode campagne qui sauve The Flame in the Flood en apportant une petite histoire en trame de fond, mais surtout, en donnant un objectif au joueur. malgré la répétitivité des tâches, on a envie de savoir ce qui attend Scout et Ésope à la fin du voyage, et on se force à accepter la lassitude comme un moyen nécessaire d’arriver au bout du jeu. Cependant, le mode « sans fin » se prend cette répétitivité en pleine figure en l’absence de toute narration.
Plus globalement, les fans de survie ayant plié Don’t Starve ou d’autres survival games plus exigeants trouveront que The Flame in the Flood manque de challenge et de mordant. Là où le jeu de survie Tim Burton-like précédemment cité offrait une richesse de gameplay plus grande (possibilité de créer une base, la menace réelle de l’hiver, l’évolution de la folie du personnage, etc.), le jeu de The Molasses Flood devient vite lassant au bout de deux ou trois heures, le temps de découvrir les dangers les plus grands que le jeu a à proposer, et qui n’effrayeront pas grand-monde en terme de difficulté. Bien que le concept de The Flame in the Flood soit justement basé sur la mobilité, le fait de bouger sans cesse nous empêche de nous concentrer sur le durable et nous condamne ainsi à l’éphémère, et l’idée du radeau – qui aurait pu constituer un concept de base mobile pour compenser un gameplay orienté road-trip – n’est pas assez approfondie avec trop peu de folie permise dans sa customisation. A part la possibilité d’y greffer des accessoires utilitaires, on n’a rien qui ne provoque véritablement d’excitation chez le joueur.
On finira avec la présence de quelques défauts mineurs comme une traduction française encore assez maladroite – certains mots employés sont trop soutenus, par exemple – ainsi que des textes qui débordent des emplacements prévus et sont alors tronqués, ou la présence quelques rares bugs sonores et graphiques (qui n’influent pas sur la jouabilité). Rien que d’éventuels futurs patchs ne sauraient corriger, toutefois. Affaire à suivre.
Il est difficile de conclure sur une estimation de durée de vie pour un jeu de ce genre dont la rejouabilité dépendra de l’affinité du joueur avec le genre du survival. Pour ce test, le jeu a été terminé en 9h en mode campagne après avoir passé 2h sur le mode sans fin. En poussant un peu le mode sans fin ou en recommençant la campagne en difficulté accrue on pourra facilement atteindre les 20 – 25h de jeu. Plus si vous voulez vraiment pousser le mode sans fin et atteindre des scores de distance parcourue. Disponible sur PC et Mac, The Flame in the Flood est à 19,99€ sur Steam. Le rapport durée de vie/prix sera plus ou moins honnête en fonction de votre motivation à dépasser vos scores en mode sans fin et/ou à obtenir les succès Steam disponibles.
LES TOPS |
LES FLOPS |
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