[Test] Shadow of the Beast, la bête fait la belle

Découvrez notre test de Shadow of the Beast, le jeu réveillant la bête qui sommeille en vous.

Fiche Technique

  • Support : PlayStation 4
  • Développeur : Heavy Spectrum
  • Éditeur : Sony
  • Type : Action/Aventures
  • Date de sortie : 17 mai 2016
  • Test effectué à partir d’une version PS4 fournie par l’éditeur

Shadow of the Beast est une saga culte du siècle dernier. Le premier opus sorti en 1989 avait fait les beaux jours de l’Amiga et avait été salué par la critique, notamment pour ses prouesses techniques, ses graphismes et sa bande son. Après deux autres opus sortis, eux, en 1990 et 1992, la bête était retournée se tapir dans les ténèbres pour ne plus faire parler d’elle que dans les souvenirs des « vieux » joueurs ou des amateurs de retro-gaming. C’est donc après un long sommeil que Shadow of the Beast a fait un retour sur la scène vidéoludique ce 17 mai 2016, sans pour autant revenir complètement dans la lumière. En effet, Sony, qui édite le jeu, a étrangement très peu communiqué sur l’actualité de ce reboot développé par le studio Heavy Spectrum. Rarement bon signe ! Nous étions en droit de nous attendre au pire avec cet opus moderne de la mythique licence. À tort ou à raison ? C’est bien ce que nous allons voir dans ce test. En avant !

Sur les traces de la bête

Le retour de Shadow of the Beast ne se fait pas n’importe comment puisqu’il reste très fidèle à ses aînés, à commencer par le scénario. Vous incarnez, comme en 1989, Aabron qui a été enlevé alors qu’il n’était qu’un enfant par l’horrible Maletoth pour être transformé en bête d’une redoutable puissance et férocité. Forcé depuis à la servitude, Aabron finit par se remémorer son passé alors qu’il avait pourtant été privé de ses souvenirs, et se retourne évidemment contre son maître, c’est vous qui l’aiderez à prendre sa revanche au cours de votre partie. Voilà les grandes lignes du postulat de départ posées, et d’ailleurs vous n’aurez que les grandes lignes du scénario en jouant de manière linéaire. Toutes les subtilités de l’histoire ne s’offriront pas à vous lors de votre premier run car une grosse partie du lore est à débloquer. Qu’il s’agisse du background des différents personnages, des explications sur certains événements et même des quelques dialogues qui jalonnent le jeu. Oui, les différents protagonistes que vous croiserez s’expriment dans des langues différentes, incompréhensibles pour le joueur, et il vous faudra débloquer les sous-titres pour les déchiffrer. Un choix certes original, mais qui s’avère légèrement déstabilisant puisqu’en définitive, vous n’apprendrez pas grand-chose sur le scénario si vous ne vous investissez pas un minimum sur Shadow of the Beast.

En effet, il existe deux façons pour débloquer ce contenu scénaristique. Le premier est de trouver à l’intérieur des niveaux des secrets souvent bien cachés et qui renferment les informations sur le lore, le second est d’accumuler des points qui se calculent grâce au score que vous réaliserez sur chaque niveau et que vous pourrez ensuite dépenser pour acheter les sous-titres. Par conséquent, si vous ne faites pas le nécessaire, Shadow of the Beast ne vous révélera pas tous ses secrets. Évidemment, cela vous obligera donc à faire et refaire les niveaux pour y avoir accès et on peut se demander si ce n’est pas une astuce pour cacher la durée de vie réelle du jeu. Seuls sept niveaux figurent au menu du jeu, et il ne vous faudra qu’une petite poignée d’heures de jeu pour en venir à bout, ce qui est évidemment beaucoup trop court. Heureusement, le titre propose trois niveaux de difficulté, ce qui accrochera au moins les amateurs de challenges.

Marche à l’ombre

Alors que nous vous parlions un peu plus haut de scoring, sachez qu’il dépendra entièrement de votre aptitude au combat. Comme dans le jeu original, la bête progresse en vue de côté et donc sur un plan strictement horizontale pour affronter ses adversaires entre des phases d’exploration et de résolutions d’énigmes, malheureusement, pas très souvent bien inspirées. Mais si les phases de réflexion sont peu enthousiasmantes, il n’en va pas en revanche de même pour les combats. La bête dispose de plusieurs types d’action pour venir à bout de ses ennemis : attaquer directement, assommer, esquiver, projeter. Ainsi, la plupart des ennemis ne pourront se défaire qu’à l’aide d’une action spécifique et seront totalement insensibles à d’autres. Il vous faudra dès lors faire preuve de rigueur, de vista et de réflexes pour effectuer les bonnes actions au bon moment. Vue de côté oblige, les ennemis ne pourront arriver que par votre droite et votre gauche mais cela ne rend pas votre tâche plus aisée pour autant. Shadow of the Beast ne se laissera pas prendre en main si facilement, les ennemis déboulant à toute berzingue pour vous sauter sur le paletot. Il faut de plus savoir que les combats ne se déroulent pas n’importe où dans les niveaux. Un système un peu étrange de zone prédéfinie s’active à certains endroits vous proposant un certain nombre d’ennemis. Ces zones sont délimitées par des arcs de cercles bleus que vous ne pourrez pas franchir contrairement à vos ennemis qui arriveront par là. Seulement, vous ne pouvez pas vraiment les distinguer avant, il vous sera donc impossible d’esquiver les coups qui en sortiront, ne restez pas près de ce coin-là de la zone de combat. En tout cas, ces zones font perdre au titre toute sensation de spontanéité et de liberté, c’est un peu dommage pour quelque chose qui se veut bestial.

Bon, la sauvagerie réussira tout de même à s’afficher autrement. Tout d’abord à l’aide de certains coups spéciaux que vous pourrez déclencher après avoir accumulé assez de sang à force de maltraiter l’opposition. Conçus pour récupérer de l’énergie ou booster votre score, ces coups spéciaux bénéficient d’animations férocement gores. De manière générale, Aabron est évidemment saignant dans ses animations, même celles pour les coups de base, il n’est ainsi pas rare de le voir décapiter ou trancher en deux ce qui se met en travers de sa route. Ces animations sont très réussies et très classes donnant beaucoup de charisme à cette bête en quête de vengeance.

Malgré tout, quelques petits problèmes subsistent au niveau de ses déplacements. Un manque de réactivité flagrant est à dénoter, notamment pour effectuer des volte-face. Si cela s’avère déjà pénible lors de certaines phases de plateforme, le taux d’irritabilité atteint son paroxysme en combat. Les ennemis venant de chacun de vos flans, il faut rapidement se retourner pour parer au danger, mais Aabron, semblant souffrir d’arthrite aiguë, ne répond pas instantanément aux ordres donnés. Cela afflige le gameplay d’une légère sensation de rigidité, étonnant de la part d’une bête qui se veut agile.

Pour finir sur les combats, comment ne pas aborder les boss de fin de niveaux qui malgré leur aspect, parfois dantesque, ne représentent pas vraiment des combats exaltants. On prend beaucoup plus de plaisir sur les combats contre les ennemis « communs » et ce n’est pas normal. Pire, le combat contre  l’un des boss les plus importants du jeu se déroule à la manière d’un R-Type en vue de dos, encore une fois totalement déconcertant voire même hors de propos. (N’hésitez pas à consulter notre petite vidéo de gameplay au début de ce test.)

Il est pas beau mon bestiau ?

En son temps, le premier Shadow of the Beast avait été salué pour ses qualités techniques exceptionnelles pour l’époque. Aujourd’hui, si cette mouture 2016 n’est pas révolutionnaire sur ce plan-là, elle n’en demeure pas moins de qualité. Les graphismes sont très agréables à l’œil, et les décors assez différents d’un niveau à l’autre sont également très jolis, notamment ceux du premier niveau. Les couleurs oscillant entre le chatoyant et le lugubre tout au long de votre aventure, nous bercent toujours dans une ambiance gore et glauque totalement justifiée. Le chara-design est également soigné, qu’il s’agisse d’Aabron, des ennemis ou même des boss, leur apparence est très bien pensée pour pousser encore plus loin la cohérence de cet univers malsain.

Sur le plan musical, on ne peut pas dire que nous avons été spécialement marqués par les thèmes. Très discrets, ils n’en demeurent cependant pas moins bien adaptés, accompagnant parfaitement l’action. Un petit clin d’œil s’est d’ailleurs glissé dans le jeu puisque vous aurez la possibilité de débloquer les musiques de l’opus original pour qu’elles accompagnent votre partie. Les nostalgiques devraient apprécier.

Le dernier petit bémol que l’on pourra apporté à Shadow of the Beast réside dans les temps de chargement beaucoup trop longs en comparaison de la taille des différents niveaux. Heureusement, une fois le niveau chargé, vous ne serez plus embêtés et les cinématiques se passent en un éclair.

La dernière griffe

Pour résumer, le retour aux affaires de Shadow of the Beast s’en tire avec les honneurs sans pour autant faire d’étincelles. Le système de combat intéressant qui vous demandera de la pratique avant d’être parfaitement maîtrisé apportera tout son intérêt au titre puisque les phases de réflexion sont, elles, beaucoup moins réussies. Les adeptes du scoring pourront d’ailleurs s’en donner à cœur joie afin d’établir toujours de meilleures performances et les comparer avec celles des autres joueurs grâce à un classement en ligne pour chaque niveau. Cependant, le jeu est beaucoup trop court surtout si vous vous contentez de finir le jeu, sans chercher à en savoir plus sur l’histoire ou à faire péter le high-score. La difficulté n’est pas non plus excessive et vous finirez sans doute par vous lasser rapidement du jeu une fois le premier run terminé et donc de passer très vite à autre chose. Le titre aurait mérité d’être plus conséquent surtout qu’il a été victime de plusieurs reports pour en arriver là. Notons cependant que des petits bonus sont à débloquer comme le Shadow of the Beast de 1989 mais sans doute insuffisants pour vraiment prolonger la durée de vie du jeu. Heureusement, le jeu n’est pas trop cher : 14,99€. Raisonnable, donc.

LES TOPS

LES FLOPS

  • 👍 La jolie direction artistique
  • 👍 Le système de combat
  • 👍 Les animations sauvages d’Aabron
  • 👍 Les goodies à débloquer
  • 👍 Un prix raisonnable
  • 👎 Une durée de vie minimale
  • 👎 Des combats de boss peu inspirés
  • 👎 Les phases de réflexion ennuyeuses