Koei Tecmo avait fait sensation en annonçant le développement d’un jeu Berserk sur PS4 pour le début d’année 2017. Il est enfin disponible en Occident depuis quelques semaines et il s’inscrit dans la lignée des beat’em all de l’éditeur. Est-il à la hauteur de l’oeuvre de Kentaro Miura ou est-il synonyme de déception ? Réponse dans notre test du jeu.
Berserk est disponible désormais en Europe sur PlayStation 4, une délivrance pour les fans du jeu qui n’attendaient que sa venue depuis qu’il avait été révélé lors du Tokyo Game Show 2015. Comme à son habitude, Koei Tecmo a misé sur le genre Musou pour retranscrire l’univers d’un manga (il en avait fait de même pour Arslan). Tout est grandiose dans l’oeuvre de Kentaro Miura et on s’attend à ce qu’il en soit de même pour le jeu, de la narration à ses mécaniques de jeu ainsi que la réalisation globale. Nous avons traversé des déceptions mais aussi des satisfactions, revenons dessus.
Fidèle à l’oeuvre de Kentaro Miura dans son ensemble
Nous retrouvons ainsi l’univers aussi sombre qu’envoûtant en suivant les aventures de Guts au sein de la Troupe du Faucon. En terme de narration, il n’y a rien à redire, les cinématiques revisitent les différents tomes du manga édité par Glénat en France, elles sont caractérisées par des scènes animées autant dans des moments cruciaux que dans des séquences contemplatives des personnages majeurs. C’est assez réussi et les fans prendront un certain plaisir à redécouvrir l’intrigue malgré quelques écarts inutiles qui n’existent pas dans l’oeuvre originale. On se retrouve parfois propulsé dans le camp dans lequel la troupe séjourne et on assiste à des scènes banales qui n’apportent pas tellement d’épaisseur à la trame ou aux personnages. Par contre, toute la narration ne profite pas de cinématiques, parfois vous devrez lire les différentes lignes qui s’affichent sur votre écran. Enfin, si vous n’avez pas forcément apprécié la censure dans l’anime, elle reste de mise concernant certaines séquences. En même temps, pas sûr que le jeu soit proposé en magasin s’il contenait toutes les scènes sexuelles dans ses détails, Koei Tecmo a fait un choix. Ne vous inquiétez pas pour autant, chaque coup d’épée portée en combat fera couler des litres de sang sur le champ de bataille.
Quoiqu’il en soit, si vous êtes un fanatique de l’univers Berserk, vous devriez trouver vos aises dans la narration. Si vous ne connaissez pas l’oeuvre de Kentaro Miura, on vous la recommande fortement, plus par les livres que par l’anime ou le jeu.
Un système de jeu vu et revu
Nous aurions pu nous attendre à ce que Berserk trouve sa propre identité et pourtant, il souffre tout de même de la paresse de l’éditeur et du studio en terme d’innovation. Certes, il se démarque par quelques séquences contre les boss ou par la narration de son intrigue mais il s’appuie toujours sur les bases d’un Dynasty Warriors. De ce fait, si vous êtes un habitué des jeux Musou de Koei Tecmo tels que sa fameuse licence DW ou si vous aviez tenté Arslan : The Warriors of Legend, vous vous situerez en terrain connu. Ainsi, si vous êtes friands du genre beat’em all, vous trouverez votre bonheur avec des milliers de soldats à décapiter, des combos Carré+Triangle à répéter, des distances incroyables à parcourir. Néanmoins, si vous êtes un peu las de ce côté ultra répétitif et qui ne s’éloigne pas tellement de ce qu’a fait 20 fois l’éditeur en 20 ans, Berserk ne sera pas tellement un indispensable. Seul le système d’améliorations et de fusions apporte un vent de fraîcheur et des mécaniques de jeu qui sortent de l’ordinaire.
De ce fait, en adoptant toujours ce même style de jeu, l’éditeur devait au moins se reposer sur sa troupe du faucon pour se dissocier des autres productions. De ce côté-là, c’est plutôt réussi avec une modélisation plus que convaincante des personnages, un réel plaisir de les retrouver. De même, si la base de jeu ne change pas tellement, on pourra assister à une mécanique intégrée dans le jeu qui fait évoluer les personnages, une transformation que les fans de la première heure apprécieront. Par exemple, Zodd qui se transforme en démon, cela fait froid dans le dos. Et si vous avez la patience de gonfler au max votre perso et qu’il atteint le level 99, vous avez de quoi vous procurer des sensations exceptionnelles en terme de gameplay et de techniques de combat. Autre chose, si Berserk sur PS4 est bien plus sanglant que les précédentes productions de Koei, il l’est considérablement moins que le manga. Les personnages jouables possèdent leurs propres caractéristiques et un bon travail a été fait en terme de maniement d’épée et de sensation. En effet, on se rend vite compte que l’épée portée par Guts fait son poids, ce qui rend ses déplacements très lourds contrairement à ceux de Casca. Vous aurez encore et toujours l’envie de rentrer dedans, de découper tout ce qui bouge et vous aurez raison car Berserk ne fait pas dans la dentelle. Néanmoins, cela pose aussi quelques problèmes.
Quelques soucis qui persistent.
Nous sommes plongés dans un beat’em all qui emprunte beaucoup à Dynasty Warriors autant dans les qualités que dans les défauts. Parmi eux, on retrouve ce côté répétitif, certes inhérent au genre, mais aussi un problème d’équilibre. La difficulté du jeu est aussi affectée par ce côté bourrin qui rend les choses assez faciles. Par conséquent, pendant assez longtemps, que vous choisissiez le mode Normal ou le mode Difficile, vous ne rencontrerez pas de grandes difficultés. Cela devient parfois ennuyeux notamment sur le champ de bataille. Par contre, lorsque vous tombez sur votre premier boss (et les suivants), le degré de difficulté grimpe à grande échelle. Zodd apporte du vrai challenge mais fait apparaître quelques problèmes avec lui, un élément qui pourrait frustrer certains joueurs, la hitzone parfois ridicule. Vous pensez esquiver son offensive mais il n’en est rien, les studios n’ont pas accentué leurs efforts à rendre ce détail, qui peut s’avérer important dans l’expérience d’un joueur, réaliste.
En terme de challenge, on pourra toujours se tourner sur le mode Eclipse, un Survival pour les joueurs les plus nerveux. Il faut dire qu’il comporte un réel intérêt au vu de la récompense que l’on obtient en le terminant, des transformations fulgurantes qui apportent des sensations grisantes.
On n’évoquera jamais assez la réalisation globale avec des graphismes qui commencent à dater. Si seulement c’était la première fois qu’on soulevait ce problème pour les Musou de Koei Tecmo, or c’est loin d’être le cas. Les environnements pauvres qui se ressemblent tous, c’est encore ce qui caractérise les décors de Berserk sur PlayStation 4.
Au final, nous avons un beat’em all comme Koei Tecmo et Omega Force nous ont habitué à les faire. L’univers de Berserk si particulier ne nous empêche jamais de voir ce jeu comme un autre Dynasty Warriors-Like tant il souffre des mêmes défauts. On appréciera tout de même retrouver des personnages emblématiques de l’oeuvre de Kentaro Miura notamment dans le feu de l’action. Les fans de Musou pourront assouvir leur soif de massacre comme il se doit et pourront regretter le manque de challenge pendant de longues heures, hormis pour des boss bien coriaces, mais ce Berserk ne restera malheureusement pas dans les Annales du jeu vidéo. On attendait mieux, peut-être trop vis-à-vis d’une adaptation de Berserk, ce manga culte. Vaut mieux s’y lancer avec modération et sans trop réfléchir car c’est bien tout ce qu’il représente… un défouloir qui ne fait pas dans le détail.