The Legend of Zelda : Breath of the Wild était attendu comme le messie depuis des mois, même des années par les joueurs qui réclamaient le titre sur Wii U. Un échec plus tard, Nintendo décide de placer l’oeuvre d’Eiji Aonuma en fer de lance de sa console Switch. Les enjeux sont énormes pour un Zelda qui a évolué et porte toutes les responsabilités quant à la réussite de la machine hybride. A-t-il les armes pour replacer l’éditeur sur le marché dès sa sortie le 3 mars prochain ? Sans aucun doute. Ce premier jeu Zelda sur Nintendo Switch marquera les esprits.
Link, réveille-toi !
L’introduction du joueur dans The Legend of Zelda : Breath of the Wild demeure aussi simple que mystérieuse. Vous vous réveillez d’un profond sommeil – un siècle ce n’est pas rien – et vous assistez impuissant à la redécouverte de la région d’Hyrule sous l’emprise de Gannon. Et pour ne rien arranger, Link a perdu la mémoire et doit sauver la princesse Zelda. Comment en sommes-nous arrivés là ? Nous ne le saurons qu’en arpentant les collines, en grimpant les montagnes, en traversant les épreuves contre vents et marées et en pénétrant sanctuaires et villages. Au cours de ce long périple, notre héros retrouve la mémoire par le biais de flashbacks dans lesquels apparaissent sa princesse et les anciens chefs des différentes tribus, ceux qui ont connu le duo avant les événements qui se sont déroulés 100 ans auparavant.
Armé de son arc, de ses autres armes et de votre sens de l’orientation, Link fera face à bien des ennemis, plus ou moins redoutables. Ils peuplent la région d’Hyrule et, pour la plupart, guettent la moindre de vos apparitions par groupe de 3 à 5. Certains gagnent en taille et donc en adversité, nécessitent un minimum de skill pour être éliminés et surtout demanderont vigilance et lucidité. Exit la tactique du bourrin et les décisions irréfléchies, vous comprenez rapidement que les approches furtives et subtiles sont privilégiées. C’est d’autant plus vrai que vos adversaires portent des dégâts considérables, que ce soit les archers ou les épéistes basiques. Inutile de préciser la dangerosité des monstres plus rares comme les Hinox, les Moldarquor voire le Lithorok. Il vous faut un plan d’attaque et c’est ce qui rend aussi ce TLOZ aussi captivant, simplement plaisant à jouer car le challenge y est régulièrement présent.
D’ailleurs, nous serons parfois plongés en pleine séquence infiltration au cours de laquelle il ne faudra pas se faire repérer au risque de se faire déborder par bon nombre d’ennemis. En terme de gameplay, cela reste basique de ce côté-là mais cela réclame tout de même une once de réflexion et d’organisation. Des déplacements justes, des distractions nécessairement au bon endroit et le timing adapté. Cela garde le mérite de varier encore le gameplay.
Outre les souvenirs de Link et son combat contre Gannon, nous découvrirons aussi l’héritage culturel de chaque tribu et nous les aiderons à éclaircir tous les mystères de ce monde. Ainsi, vous trouverez certains éléments importants sur la carte, des immenses statues, des tablettes sur lesquelles nous lisons des inscriptions… tous nous en apprendront sur les civilisations qui peuplent Hyrule.
Lève-toi, un monde riche et complexe t’attend !
Breath of the Wild bénéficie aussi d’une cohérence dans son système de quêtes. Comme tout RPG-Aventure qui se respecte, nous retrouvons dans le Journal de Link les quêtes principales, les missions (quêtes annexes) et même des objectifs secondaires comme les Souvenirs au nombre de 18 et les Sanctuaires. Ces derniers vous sont attribués dans des relais qui vous guident souvent dans la direction à prendre pour des quêtes supplémentaires apportant plus de matière à l’histoire du jeu. En toute logique, les quêtes principales suivent la trame narrative et se découpent efficacement en plusieurs étapes et le cumul porte une exploration à son paroxysme arrivé au boss que l’on évoquera plus tard.
[SPOILER mineur d’une quête principale dans le paragraphe suivant (en italique)]
Par exemple, vous serez amenés à vous lancer à la recherche des Créatures Divines, chacune se trouve dans un des quatre coins du monde d’Hyrule. Avant d’atteindre ces immenses machines mécaniques, il vous faudra traverser toute une région pour atteindre le village directement lié à une divinité spécifique. Une fois cet objectif atteint, le chef de la tribu vous confie une mission pour que vous fassiez vos preuves et partiez combattre les méfaits de Gannon. A partir de là, puzzle et réflexion sont au rendez-vous afin de débloquer… un boss. Ce schéma est répété trois fois mais toujours aussi efficace, aussi prise de tête, aussi fascinant.
« Toute la complexité des énigmes se situe dans le monde souterrain d’Hyrule représenté par les sanctuaires… »
Si la longueur et la difficulté sont déséquilibrées selon les créatures, ce qui vous attend à l’intérieur l’est moins. Les boss s’y cachent souvent et ils sont plutôt coriaces… une mention spéciale à l’ombre de foudre. A l’instar d’un Bloodborne, deux phases de pattern exigeront un plan d’attaque spécifique au risque de vous faire mettre K.O rapidement. Néanmoins, cela ne demande que de la concentration, de la rigueur pendant un court laps de temps et une réflexion concernant votre inventaire d’armes et de capacités pour en venir à bout. Nous sommes tout de même très loin du travail des créateurs de Dark Souls en terme de challenge, d’exigence ou encore en ce qui concerne le design des monstres.
Pour revenir à cette partie essentielle du jeu que constituent les énigmes mécaniques, le coeur du gameplay de The Legend of Zelda : Breath of the Wild est renfermé dans ces monstres divins et devrait parfois faire chauffer vos neurones ou ce qu’il en reste.
Réfléchis, que de mystères à éclaircir !
Ce The Legend of Zelda sur Nintendo Switch nous plonge dans un vaste open-world dans lequel les sanctuaires sont éparpillés et les puzzles nombreux. Si au départ, le challenge n’existait que très peu, la suite de l’aventure et surtout de la découverte sont une ode aux notions de puzzle et level design. Toute la complexité des énigmes se situe dans le monde souterrain d’Hyrule représenté par les sanctuaires ainsi que par ces créatures divines dont les rouages imposent aux joueurs de longues minutes de réflexion.
Souvent, des mécanismes seront à enclencher mais aucune aide n’est fournie quant à la démarche à suivre. Pour nous sortir de l’impasse, plusieurs capacités sont à notre disposition. Parmi elles :
- Deux formes de bombes énergiques.
- Polaris : forme de télékinésie qui permet de déplacer certains objets.
- Cinetis : fige les objets dans l’espace-temps afin de les propulser ensuite
- Cryonis : construit une colonne de glace à partir d’eau
En plus de cela, vous pouvez compter sur vos propres armes pour déclencher des interrupteurs et vos simples bras pour des leviers. Par contre, contrairement à vos bras, les armes ont une durée de vie plus ou moins limitée donc il est conseillé de conserver ses armes les plus puissantes pour éviter les difficultés supplémentaires contre les boss ou adversaires redoutables. En terme de prise en main, nous n’avons jamais éprouvé de difficulté à utiliser les différents atouts et cela favorise clairement les séquences de jeu et les phases de réflexion.
« De ce fait, on devient rapidement obsédé par la complétion de ces énigmes au point d’accroître notre soif d’exploration. »
La récompense paraîtra moins gratifiante que le soulagement d’être venu à bout du puzzle mais les sensations de jeu sont réellement agréables. Cela dit, plonger dans ce monde souterrain possède un réel intérêt car plus on termine d’énigmes, plus on pourra accumuler des coeurs de vie et accentuer notre endurance, cela aura son importance à l’avenir mais n’en disons pas plus. Malgré les moments de galère, les mécaniques de jeu sont prenantes et on n’hésite pas à enchaîner les sanctuaires et énigmes pour en venir à bout.
De ce fait, on devient rapidement obsédé par la complétion de ces énigmes au point d’accroître notre soif d’exploration. Il faut dire que le monde d’Hyrule est dessiné d’une main de maître. Certes, il n’explose pas la courbe de stabilité du framerate mais il est plein de couleurs, d’interaction, de décors qui ont fière allure. Les différents environnements ne donnent qu’une envie, c’est de s’y perdre. Les développeurs ont pensé à un écosystème pour faire vivre Hyrule et cela impacte directement sur l’expérience de jeu on ne peut plus immersive.
Man With The Wild
Le monde ouvert mis en scène pour The Legend of Zelda : Breath of the Wild est séduisant d’emblée de jeu. Outre la direction artistique globale de bonne facture, les premières minutes nous donnent envie de toucher l’horizon, explorer chaque parcelle de ces herbes qui s’illuminent au moindre rayon de soleil, qui embrasse les ténèbres une fois la nuit tombée au profit d’une lune rouge inquiétante.
« L’écosystème intégré dans le jeu participe abondamment à la cohérence globale de Breath of the Wild et à la magie qui en émane. »
Avant de partir sur les différents lieux qui composent la région vaste d’Hyrule, évoquons l’environnement interactif en continu. L’écosystème intégré dans le jeu participe abondamment à la cohérence globale de Breath of the Wild et à la magie qui en émane.
Les conditions météorologiques impactent directement sur l’organisme de Link et différemment selon la région dans laquelle vous vous trouvez. Ainsi, lorsque vous montez à haute altitude, il existe de fortes chances que Link souffre du froid et perde un quart de coeur de vie toutes les 5 secondes. Il en est de même lorsqu’il traverse un désert ou explore un quartier volcanique. En temps de pluie, presque impossible de grimper les falaises à cause de parois glissantes… Seules des sources thermales provoquaient l’effet inverse et nous permettait de récupérer petit à petit toute notre vie. Pour vous parer à ces contraintes, les développeurs ont mis en jeu un système de potion et donc de prévention pour contrer ces différents problèmes climatiques. Par conséquent, il est possible d’acheter ou de concevoir vous-même les remèdes qui aideront à arpenter les différents environnements d’Hyrule. Mieux encore, certaines boutiques vendent des tenues spéciales contre le froid, la chaleur ou en faveur du vent. Le prix n’est pas donné donc il faudra marchander ce qu’on a looté ou avoir collecté pas mal de rubis au préalable.
Link doit donc faire un avec la nature et ce dans bien des situations. Nous devons penser celle-ci comme terre de multiples possibilités et interactions. Les fleurs à cueillir sont souvent utiles pour le crafting, de même pour les fruits, les récompenses en loot que font apparaître les ennemis, les noix qui tombent lorsque vous découpez un arbre, tout a une utilité. Les animaux à chasser, les monstres qui jaillissent des rochers ou du sable, même la faune est omniprésente dans The Legend of Zelda : Breath of the Wild. N’oublions pas non plus les fonctionnalités liées aux cinq éléments. L’air favorise nos déplacements, le feu se propage rapidement et impacte la durabilité de vos armes et la santé de vos ennemis, la glace est parfois très efficace… sauf en territoire volcanique où elle fond rapidement. Et un conseil, ne pensez même pas tirer une flèche explosive à haute température, elle explose dans vos mains et peut simplement vous tuer. Par contre, n’hésitez pas à tirer des flèches emplies d’électricité dans les zones marines infestées d’ennemis, les dégâts de zone seront dévastateurs.
La gestion de l’endurance reste aussi capitale. Que vous nagiez, grimpiez des falaises, sprintiez et descendiez en paravoile, cela consommera votre jauge d’énergie. Par conséquence, vous êtes susceptibles de mourir au moindre excès alors il sera nécessaire de gérer vos efforts. De ce point de vue, c’est bien pensé et plutôt cohérent.
Les environnements naturels ne sont pas les seuls à se distinguer puisque Hyrule abrite une petite panoplie de civilisation. Tous ne sont pas enclins à vous accueillir avec un enthousiasme débordant mais chacune présente des traits spécifiques et un héritage lourd à porter.
Link entre les tribus
Les villes ne seront pas si nombreuses puisque la plupart abrite les tribus dont le quotidien est lié aux créatures divines évoquées plus haut. Néanmoins, leur conception a été tout aussi bien pensée. Chacun possède sa propre identité et vous ne serez pas dépaysés. [Possible spoiler]En effet, entre le style oriental de l’un, les configurations plus verticales de l’autre en passant par le décor volcanique et l’environnement aquatique des derniers.[Fin du Spoiler] Bref, ne gâchons pas tout le plaisir de la découverte mais nous n’avons jamais l’impression que l’on a à faire avec une zone copiée sur une autre, l’architecture de chaque cité est propre à une civilisation en particulier.
Parfois, ce sont des simples villes avec de résidents on ne peut plus normaux qui complètent ce monde. Ils donnent accès à des laboratoires au sein desquels nous faisons escale et connaissance avec des PNJ qui sont bien informés de votre histoire, qui sont utiles pour étaler un peu plus le background et le charme des personnages. Quelques notes d’humour seront même au rendez-vous.
Enfin, les développeurs ont même pensé à nous torturer l’esprit lors de notre exploration d’environnements spéciaux. Et je n’en dirais pas plus à propos des bois perdus mais il fait partie des éléments qui nous font imaginer des références du genre Alice au Pays des Merveilles parmi d’autres. Par ailleurs, d’autres allusions seront présents parfois mais dans les sanctuaires par le biais de minis-jeux qui participent au charme du jeu Zelda sur Switch.
Prend ta monture on s’en va !
Un tel monde, Link ne pouvait pas l’explorer seul. Ainsi, à l’instar d’un certain Geralt qui peut toujours compter sur Ablette, il sera possible de monter un cheval pour parcourir les différentes prairies. Néanmoins, il ne vous est pas donné et il est nécessaire de l’approcher sans vous faire repérer afin de pouvoir vous l’approprier, aucun ne vous est attribué au début de l’aventure. Une fois chevauché, il suffit de l’enregistrer au comptoir d’un relais pour qu’il devienne une de vos possessions. Vous pouvez le renommer. Vous êtes même en mesure d’en acquérir plusieurs puisque chacun a ses propres caractéristiques en terme de tempérament, d’endurance et d’accélération… Rassurez-vous, si vous êtes impatients, vous pourrez toujours vous déplacer en vous téléportant directement à l’endroit que vous avez déjà visité, tout ceci via le menu de la tablette sheikah – la petite nouveauté de ce TLOZ – dont l’utilisation est très ergonomique. Tout y est recensé, de la map à votre inventaire en passant par la liste des missions en cours.
Ce n’est pas tout, vous pouvez même traverser des étendues de sable à l’aide d’un morse, vous lancer dans quelques contre-la-montre, surpasser des zones volcaniques sur des rails, intégrer un club de glisse… sur bouclier. Pour les joueurs atteints de collectionnite aiguë, en plus des sanctuaires et des coffres, vous pourrez vous lancer à la collecte des Korogu. Une multitude d’activités est éparpillée dans la région d’Hyrule et on se fait une joie de toutes les découvrir au fil des heures.
The Legend of Zelda : Breath of the Wild ne révolutionne pas le genre action-aventure mais le voyage dans lequel il nous plonge a emporté tous nos doutes tel un Fléau. Les mécaniques du jeu sont réussies, le système de combat a été bien pensé et s’adresse à tous les publics. La découverte de la région d’Hyrule reste fascinante, son monde souterrain ponctué de sanctuaires aux quatre coins de la carte l’est tout autant. Bluffant de par son écosystème, absorbant avec l’enchaînement des énigmes et des casse-têtes, séduisant par sa direction artistique globale, le premier périple de Link sur Nintendo Switch marque l’année 2017 de son empreinte et a les armes pour assurer un lancement réussi à la console hybride.